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Publié le 22 avr 2008Lecture 4 min

De sacrées grossesses

G. AYOUB, J.-D. LAREDO, Hôpital Lariboisière, Paris
L’histoire est celle d’une femme de 45 ans, sénégalaise, multipare, qui a été opérée un an auparavant d’un cancer du sein. Elle est transférée en France pour une chimiothérapie adjuvante. Un examen clinique et un bilan biologique, comprenant les marqueurs tumoraux, sont effectués ; ils sont tous les deux normaux. Le scanner thoraco-abdominal ne montre pas d’anomalie. La scintigraphie osseuse montre, en revanche, une hyperfixation du pied de la sacro-iliaque droite. Des radiographies standards sont alors demandées. Elles montrent une condensation isolée de la sacro-iliaque droite de la sacro-iliaque droite (figures 1 et 2).
Des radiographies standards sont alors demandées. Elles montrent une condensation isolée de la sacro-iliaque droite (figure 3).
  A gauche : figure 1. Cliché scintigraphique en oblique latéral montrant l'hyperfixation du pied de la sacro-iliaque droite. Au centre : figure 2. Vue controlatérale oblique del'hyperfixation scintigraphique de la sacro-iliaque droite. A droite : figure 3. Radiographie du bassin de face, montrant une condensation isolée de la sacro-iliaque droite. La tomodensitométrie du bassin confirme la condensation de la sacro-iliaque droite, prédominant sur le versant iliaque de l’articulation mais touchant aussi la berge sacrée, et associée à un vide intraarticulaire bilatéral (figures 4 et 5).   A gauche : Figure 4. Coupe scanographique montrant la condensation sacroiliaque, touchant les deux berges iliaque et sacrée, ainsi qu'un phénomène de vide articulaire. On notera l'intégrité de l'interligne articulaire. A droite : Figure 5. Autre coupe scanographique montrant, en plus de la condensation sacro-iliaque droite, la bilatéralité du vide articulaire. L’IRM montre un oedème articulaire en hyposignal T1, légèrement rehaussé par l’injection de gadolinium (figures 6 à 9).   A gauche : Figure 6. IRM T1 montrant un oedème en hyposignal du pied de la sacro-iliaque droite à limites nettes. A droite : Figure 7. Autre coupe IRM T1 montrant l'hyposignal à limites nettes de la sacro-iliaque droite.   A gauche : Figure 8. IRM T1 au gadolinium après saturation de la graisse montrant une légère prise de contraste de la zone anormale du pied de la sacro-iliaque droite. A droite : Figure 9. Autre coupe IRM T1 au gadolinium après saturation de la graisse montrant la prise de contraste de la zone anormale de la sacro-iliaque droite. Commentaire L’ostéose iliaque condensante est une affection bénigne souvent révélée après un accouchement. La connaissance de cette entité par les généralistes et les médecins spécialistes amenés à s’occuper de patients souffrant de rachialgies basses, est nécessaire pour éviter des examens complémentaires et des investigations souvent inutiles et source d’anxiété pour les patients. Le diagnostic de l’ostéose iliaque condensante est essentiellement radiologique. Elle est caractérisée par une condensation triangulaire à base inférieure de la berge iliaque du pied de la sacro-iliaque, sans érosions de l’interligne articulaire. La condensation est homogène, à limites nettes. Elle peut également toucher à un moindre degré la berge sacrée. Tel est l’aspect retrouvé chez notre patiente, où la condensation, quoique prédominant sur la berge iliaque, touche également le versant sacré de l’articulation(figures 4 et 5). Son incidence pourrait avoisiner les 2,5 % dans les études systématiques. L’affection prédomine chez les jeunes femmes multipares mais elle peut se rencontrer plus rarement chez des hommes ou des femmes nullipares. Souvent bilatérale et symétrique, elle peut être unilatérale. Classiquement, elle est asymptomatique et de découverte fortuite. Ailleurs, elle peut s’accompagner de douleurs lombaires basses. La sacro-iliite d’une spondylarthrite débutante est en règle générale facile à distinguer d’une ostéose iliaque condensante. On retiendra que l’ostéose iliaque condensante est plus fréquente chez la femme et que la spondylarthrite s’associe à des anomalies rachidiennes ainsi qu’à un HLAB27 retrouvé dans près de 90 % des cas contre 8 % dans l’ostéose iliaque condensante. Par ailleurs, et sur le plan radiologique, une spondylarthrite à un stade avancé se manifeste par une sclérose mal limitée, et surtout des érosions sous-chondrales, qui ne font pas partie du classique tableau clinique de l’ostéose iliaque condensante. Il peut cependant exister deux ou trois images d’érosions groupées autour de la condensation iliaque. Parmi les hypothèses étiologiques, la plus fréquemment retenue est celle de stress mécanique le plus souvent en rapport avec des grossesses itératives. Des formes familiales existent. La biopsie d’une ostéose iliaque condensante montre une hypervascularisation, un épaississement des travées osseuses, des zones d’ostéonécrose et de régénération osseuse. Une régression spontanée, partielle ou complète des anomalies radiologiques, est toujours possible. Un traitement conservateur avec rééducation et physiothérapie est souvent suffisant pour venir à bout des douleurs. Le recours aux antalgiques ou aux AINS peut se révéler utile dans certains cas.   Ce qu’il faut savoir   Affection bénigne.   Lombalgies basses en post-partum.   Diagnostic radiologique.   Condensation triangulaire à base inférieure de la berge iliaque de la sacro-iliaque.   Diagnostic différentiel avec une sacro-iliite ou une arthrose sacroiliaque.   Traitement conservateur

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