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Sexologie

Publié le 13 oct 2010Lecture 4 min

Le dur et le mou

Philippe BRENOT, Directeur DIU de sexologie, Université Paris Descartes
D’un point de vue physique et symbolique, la sexualité entre un homme et une femme fonctionne sur un principe très simple : la complémentarité du DUR et du MOU. Ceci est vrai de la consistance des organes génitaux où, lors du coït, le pénis est en général dur pour permettre la réalisation de l’acte, tandis que le vagin est souple et mou pour être suffisamment accueillant. Cette complicité très particulière a généré pendant des siècles deux archétypes de personnalités qui pouvaient être complémentaires : un homme solide, autoritaire, souvent rigide et une femme souple et acceptante. Les temps ont changé, les moeurs aussi, et nos rôles sont plus équilibrés dans les couples contemporains qui cultivent habituellement l’égalité et le partage. Malheureusement, nous conservons les facettes de nos personnalités qui se trouvent alors en conflit avec ces principes de base. C’est le cas, assez fréquent, d’une complémentarité inverse – femme dure et homme mou – capable de générer assez facilement des dysfonctions sexuelles.
Cas clinique Xavier a 40 ans, il est formateur en entreprise, divorcé et remarié il y a un an avec Sophie, brillante économiste qui a créé la société qu’elle dirige. Xavier consulte pour un trouble érectile de survenue récente (2 ans) alors qu’ils ne se sont connus qu’un an plus tôt. « Ça m’est arrivé d’un seul coup, je ne sais plus quand, mais depuis, je suis très angoissé chaque fois qu’on fait l’amour, j’ai peur que ça recommence. » Son angoisse d’anticipation est à l’origine de la récidive des pannes qui ont été déclenchées, et sont entretenues, par des attitudes très négatives de son épouse, exigeant des performances qu’il ne peut accomplir : « Je ne supporte pas qu’on ne me fasse pas bien l’amour ! La première fois que ça lui est arrivé, je le lui ai dit. Je n’aimais pas la façon dont il s’y prenait ! C’est vrai que je lui fais souvent des reproches là-dessus, mais c’est son rôle, il doit bien le comprendre ». Xavier précisera que son épouse, qu’il aime profondément, est « un peu dure » avec lui. Sophie réinsiste sur le lien amoureux très fort qui les unit et ne comprend donc pas qu’il puisse exister le moindre « grain de sable » dans leur belle histoire d’amour. « Oui, je peux être dure avec lui, car je suis très exigeante, mais c’est avec tout le monde, avec les autres comme avec moi-même. Vous savez, ce n’est pas facile d’être présidente d’une société comme la mienne, aujourd’hui. Et puis surtout, je ne supporte pas sa peur de mal faire, de ne pas réussir ! ». Je leur fais remarquer que leurs attitudes sont à l’opposé du principe premier de la sexualité : la rencontre du DUR et du MOU. Elle est en réalité très dure (dans son jugement comme dans ses attitudes), tandis que lui est très mou dans son assurance comme dans son érection. Comme il est fréquent en sexologie, les symptômes apparaissent souvent en miroir et, ici, la rigidité en face de la faiblesse, le premier étant plus volontiers la cause, le second le porte-symptôme.   Évolution Comment sortir d’une telle situation ? Certainement pas en ne s’occupant que de la conséquence (le trouble érectile), car il sera toujours susceptible de réapparaître puisqu’il est essentiellement la conséquence de la rigidité comportementale de la partenaire et de la faible assurance de son mari. Plus sûrement en modifiant les positions dans le couple et donc en permettant à cette femme de comprendre la part qu’elle prend dans ce symptôme. Si elle est acceptante, l’évolution sera possible. Dans le cas contraire, lorsque la partenaire est très opposante : « C’est ton problème, c’est à toi de le résoudre, je n’y suis pour rien ! », la situation sera très difficile à faire évoluer et la plupart du temps insoluble. La meilleure attitude du thérapeute sera alors de leur faire accepter un « changement de paradigme », c’est-à-dire de leur proposer une reformulation de la situation : « Je vous propose d’accepter qu’il n’ait pas de trouble érectile, mais plutôt de considérer que c’est votre couple qui a une impuissance relationnelle ». Lorsque cette proposition est acceptée (donc par elle), la situation et le symptôme évoluent en général d’une façon positive. On pourra éventuellement aider l’homme par un travail sur l’affirmation et la confiance en soi, gommer sa composante émotionnelle par une discrète antidépression, mais surtout travailler avec chacun, dans des entretiens séparés, pour permettre à Sophie d’abandonner sa position dominante et à Xavier d’avoir une position plus affirmée.

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