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Profession

Publié le 09 avr 2023Lecture 3 min

Qu’a changé l’allongement du délai légal de l’IVG ?

Caroline GUIGNOT, Lille

L’allongement en mars 2022 du délai légal d’interruption volontaire de grossesse de 14 à 16 semaines d’aménorrhée a imposé un délai d’adaptation des centres, et des femmes. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Imposé aux équipes médicales à partir du 3 mars 2022, l’allongement du délai légal de l’IVG voulait d’abord répondre aux difficultés rencontrées par les 2 000 femmes contraintes chaque année de se rendre à l’étranger pour dépassement du délai. Mais en pratique, comment cette loi s’est-elle imposée sur le terrain ? Le docteur Karima Bettahar (CHRU de Strasbourg) a rappelé les résultats obtenus avec les différents protocoles. Les premiers – médicamenteux – ne sont théoriquement envisagés que jusqu’à 9 SA : mifégyne 200 mg, puis misoprostol 400 μg ou misoprostol 800 μg 24-48 heures plus tard, avec renouvellement possible de 400 μg toutes les 3 heures dans les deux cas, sachant que jusqu’en 2017 un maximum de 4 doses étaient fixé. L’IVG instrumentale est ensuite préconisée jusqu’à La 16e semaine. Les données internationales montrent des résultats globalement comparables au 2e trimestre (6 à 7 heures d’évacuation, 2 à 3 doses de misoprostol nécessaires, très forte acceptabilité de la part des femmes) selon le protocole médicamenteux. Des études qui ont comparé le pronostic d’une IVG médicamenteuse à celui d’une IVG instrumentale durant le 2e trimestre ont aussi suggéré leur équivalence en termes de résultats, bien que chacune soit associée à des avantages (pas de délai interventionnel pour l’IVG médicamenteuse, pas de risque d’échec pour l’IVG chirurgicale) ou à des risques (échecs, douleurs et saignements pour la première, risques chirurgicaux et infectieux pour la seconde). Un état des lieux a été conduit 6 à 9 mois après le vote de la loi. Au total, près de 1 000 IVG à 14-16 SA ont eu lieu sur cette période, ce qui est conforme aux attendus. Ce bilan montre des disparités territoriales : pour la plupart, elles ont été liées aux délais de mise en place des nouvelles procédures dans les centres, et ont conduit à une migration régionale ou interrégionale de certaines femmes. Dans une même région, le recours préférentiel à l’une et/ou à l’autre méthode varie selon les centres ou les équipes, que ce soit pour des aspects opérationnels (place au bloc, manque de matériel, disponibilité des praticiens…) ou des difficultés rencontrées en pratique clinique (difficultés psychologiques liées à la viabilité du foetus après expulsion, manipulation du foetus de 14-16 SA malgré l’adhésion des équipes…). In fine, on constate que les femmes concern.es par une IVG à 14-16 SA proviennent rarement d’un parcours d’errance médicale ou de difficultés d’accès, mais sont plus volontiers concernées par des diagnostics tardifs et des situations psychosociales difficiles, comme parfois des violences. Il existe chez ces femmes une grande indécision, un tiers des demandes n’aboutissant pas. Ce bilan est amené à évoluer mais montre pour l’heure que les complications sont rares. Il faut espérer que les difficultés d’accès à la méthode d’IVG souhaitée par certaines femmes se résorbent pour éviter les contraintes de déplacement à celles cherchant une équipe apte à les prendre en charge via la méthode qu’elles préfèrent. Ainsi les deux méthodes devraient désormais pouvoir être accessibles, les données montrant qu’aucune n’est supérieure à l’autre, dès lors qu’un protocole antalgique adapté a été implanté dans les centres concernant la prise en charge de la douleur liée aux IVG médicamenteuses.      

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