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Sexologie

Publié le 11 oct 2021Lecture 5 min

Sexologue, une profession récente, du privé au public

Axelle Romby, Paris
Sexologue, une profession récente, du privé au public

La profession de sexologue telle que nous la connaissons aujourd'hui émerge en France dans les années 1960-1970. D’abord privée, la formation s’est dotée d’un diplôme interuniversitaire dans les années 1980. Celui-ci est accessible à tous les professionnels de santé : infirmière, médecin, sage-femme, kinésithérapeute, psychologue, psychothérapeute.

Un sexologue, qu’est-ce que c’est ? Si l'existence d'un diplôme universitaire apporte depuis 1983 la garantie d’une formation de qualité uniformisée sur le territoire aux professionnel.le.s déjà inscrit.e.s dans une dynamique de soin, il est cependant important de préciser que l’utilisation du titre de sexologue n’est pas réglementée, et que des formations privées existent encore, de qualité et de durée variable. Cet état de fait laisse les patient.e.s devant une offre de soins en sexologie peu lisible et rend difficile la rencontre avec un.e professionnel.le.s bien formé.e.s. C’est pourquoi, il est particulièrement important que les professionnel.le.s de santé de premier recours aient connaissance de ce qu’est un sexologue ainsi que des ressources en vue d’une orientation. Pour rappel, les sexologues sont formé.e.s à recevoir et à accompagner l’ensemble des souffrances en lien avec la sexualité. Les motifs de consultation les plus courants concernent les dysfonctions sexuelles, le plus souvent dysfonctions érectiles et éjaculations précoces pour les hommes, troubles du désir, vaginisme, dyspareunie et anorgasmie chez les femmes. Les sexologues peuvent également accompagner les questionnements autour de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, les conséquences sexuelles de violences, les difficultés des couples autour de la sexualité. Du cabinet à l’Institution Les consultations de sexologie se sont historiquement développées dans le secteur libéral, proposant une offre - puisque non prises en charge par la Sécurité sociale – s’adressant plutôt à des populations favorisées. Les représentations du soin en sexologie s’en faisaient l’écho : thérapies adaptées et proposées aux populations plutôt blanches, bourgeoises et hétérosexuelles, reléguées à des soins de confort, et à l’accès limité au plus grand nombre. Dans les années 2000, les évolutions politiques ont permis d’inscrire la santé sexuelle comme une composante essentielle de la santé globale. En écho à sa définition de la santé, l’OMS définit en 2002 la santé sexuelle comme « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité. Elle ne consiste pas uniquement en l’absence de maladie, de dysfonction ou d’infirmité. La santé sexuelle a besoin d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence ». En France, il faut attendre les années 2010 pour voir apparaître dans les textes la notion de santé sexuelle, travail ayant abouti à la Stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030. Cette évolution a rendu possible un mouvement vers un accès universel à des consultations de sexologie. De manière plus concrète, la réforme des centres de dépistage du VIH et des IST (anciennement CDAG et CIDDIST) a abouti à la création des CeGIDD (centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic du VIH, des hépatites et des IST), et a inscrit dans ses textes la nécessité d’une offre de soins incluant les personnes compétentes sur les sujets de sexualité. En effet, l’arrêté du 1er juillet 2015 relatif à la création des CeGIDD prévoit des missions globales en santé sexuelle : vaccination, éducation, prévention et réduction des risques liés à la sexualité, prescription de contraception ou délivrance de contraception d’urgence, détection des violences liées à la sexualité ou à l’identité de genre, des troubles et des dysfonctions sexuels. Les équipes doivent notamment être composées d’un.e psychologue « ayant compétence dans la sexualité (sexualité humaine ou santé sexuelle) ». Le titre de sexologue, puisque non réglementé, ne peut pas apparaître, et c’est bien ce dont il s’agit ici. En refondant leurs équipes à l’occasion de cette réforme, les centres de dépistages ont fait des choix divers, optant pour l’embauche de médecins, d’IDE ou de psychologues formé.e.s en sexologie afin d’assurer cette consultation. La sexologie en CeGIDD, précurseure de la démocratisation de l’offre en sexologie Il faut noter que cette offre, bien que représentant une évolution majeure, reste très insuffisante. La plupart des sexologues en CeGIDD bénéficient en effet d’une demi-journée de consultation par semaine, rendant les temps d’attente pour y accéder longs. Une étude réalisée en 2020(1) s’est penchée sur le public reçu dans ces consultations, afin d’en identifier les spécificités et les besoins émergents. Un tiers des consultant.e.s sont des femmes. Chez celles-ci, les violences sexuelles sont le motif de consultation le plus rencontré (32 %) ; les autres problématiques sont les dyspareunies, l’anorgasmie, les troubles du désir, les troubles du plaisir, etc. Si les motifs de consultation y sont tout aussi variés que dans le privé, la clinique sexologique publique se démarque par les profils des personnes qu’elle rencontre, avec une représentation plus importante de populations en situation de précarité et de vulnérabilité : couverture maladie inexistante ou incomplète, situation financière dégradée (chômage, emploi précaire ou études en cours), situation de séjour irrégulière. Les origines géographiques se font également plus diverses, avec 36 % de personnes nées à l’étranger, dont deux tiers sur le continent africain. Les consultations en CeGIDD peuvent bénéficier si besoin d’un interprétariat téléphonique, permettant de lever l’isolement des personnes et de poser des mots sur les troubles et les souffrances. Comment orienter, en pratique Bien qu'ils soient les seuls types de structure où la présence de sexologues est prévue par les textes, les CeGIDD ne sont pas les seules structures publiques à accueillir des consultations de sexologie. En effet, des services de gynécologie, d’urologie, de maladies infectieuses, d’oncologie, etc. ont permis à certain.e.s de leur praticien.ne.s formé.e.s d’ouvrir des demi-journées de sexologie à côté de leurs activités principales ; c’est donc l’identification de ces lieux qui est ici importante. Le Réseau de santé sexuelle publique (RSSP) tente sur le territoire francilien de fédérer les sexologues ayant des consultations dans le secteur public et de proposer un annuaire. L’association interdisciplinaire post universitaire de sexologie (AIUS), le syndicat national des médecins sexologues (SNMS), la société française de sexologie clinique (SFSC), les associations de sexologues sur l’ensemble du territoire français proposent également des annuaires de professionnel.le.s formé.e.s dans le cadre du diplôme interuniversitaire et exerçant en public et/ou en privé. Ne se substituant pourtant pas à un réseau professionnel de proximité, qui favorise le lien et les orientations réussies, ces ressources peuvent être très utiles afin de permettre à nos patients de mieux s’orienter dans cette offre émergente.

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