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Sénologie

Publié le 03 mai 2011Lecture 3 min

Prothèse mammaire à visée esthétique et retard au diagnostic d’un cancer du sein ultérieur

Dr F.May-Levin
Si l’ensemble de la littérature s’accorde pour ne reconnaître aucun effet favorisant d’une prothèse mammaire sur le développement ultérieur d’un cancer du sein, se pose toutefois la question de la gêne occasionnée au dépistage d’un petit cancer et, de ce fait, d’un éventuel retard diagnostique. Ce retard peut être dû à la prothèse elle-même, interférant avec la lecture des clichés. La prothèse peut également déplacer et comprimer la glande mammaire, rendant difficile la mise en évidence de petites tumeurs. C’est pourquoi une équipe canadienne a mené une étude comparant la distribution des stades évolutifs lors du diagnostic chez les femmes avec prothèse, comparativement à un groupe témoin.
  Le principe est de comparer les taux de cancers du sein diagnostiqués en 1974 et 1989 dans une cohorte de plus de 40 000 femmes ayant subi une chirurgie esthétique, dont 24 558 comportaient la pose d’une prothèse mammaire, tandis que les 15 893 témoins avaient subi, durant la même période, d’autres interventions à visée esthétique : dermo-abrasion, intervention au niveau de la face, etc. Toutes ces femmes résidaient dans la même région (Ontario ou, en grande majorité, Québec). Les patientes ayant bénéficié d’une prothèse mammaire sont classées suivant le siège d’implantation, rétroglandulaire ou rétromusculaire, de la prothèse. Sur l’ensemble de la cohorte, 402 cancers ont été diagnostiqués, dont ont été exclus 18 cas (carcinomes in situ, diagnostics incertains). Au total, 384 cancers certains ont été retenus, dont 182 chez les femmes implantées et 202 dans le groupe témoin. La durée moyenne du suivi est de 45 mois. Si le taux de mortalité est comparable dans les deux groupes, la proportion de cancers diagnostiqués à un stade évolué (stade III ou IV) est significativement plus élevée chez les femmes ayant une prothèse mammaire : 13,2 % contre 5,5% (p = 0,007), ce qui signifie un risque 3 fois plus élevé et ce, quels que soient l’âge de la patiente, le type histologique, la durée de la période de surveillance ou le lieu de résidence. Aucune influence de type de la prothèse, de son enveloppe, ou de son emplacement pré- ou rétromusculaire n’a été observée. Enfin, le taux de survie globale chez les femmes ayant développé un cancer du sein est tout à fait comparable qu’elles aient ou non été implantées. Il est vraisemblable que ce retard au diagnostic d’un cancer du sein en présence d’une prothèse soit lié à la difficulté de lecture de la mammographie en présence de ce corps étranger, d’où la méconnaissance des petits cancers. En revanche, on aurait pu s’attendre à un retentissement sur l’espérance de vie, ce qui n’est pas le cas. Aussi, peut-on émettre l’hypothèse que la capacité de métastaser de chaque cancer reste identique, même s’il est diagnostiqué avec retard…

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