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Sexologie

Publié le 09 déc 2009Lecture 4 min

Pas ce soir, j’ai la migraine !

P.BRENOT, Université Paris V

Les alibis pour ne pas faire l’amour semblent aujourd’hui dépassés à une époque où les femmes doivent pouvoir exprimer leur désir, dire leur disponibilité ou refuser une avance qui ne leur convient pas. Mais l’affirmation n’est jamais facile, surtout lorsqu’on n’a pas appris à exprimer ouvertement ses désirs et ses non-désirs.
 

L’alibi historique L’alibi historique de la migraine est bien connu, mais on peut se demander : « pourquoi la migraine ? ». Une première réponse pourrait être la plus grande fréquence des migraines chez les femmes, leur lien fréquent avec le cycle menstruel, « la gêne féminine » par excellence ! Le grand psychanalyste Franz Alexander, créateur de l’école de psychosomatique, faisait de la migraine « l’expression d’une personnalité dominatrice ayant du mal à exprimer son agressivité, le refus sexuel pouvant alors en être un symptôme »*. On a également pu remarquer que le déplacement des émotions dans le corps (ce que Freud appelait le déplacement hystérique) se fait toujours de bas en haut, comme si l’attention était déplacée du sexe vers la tête, du bas vers le haut du corps, « exprimant une douleur à la tête au lieu d’un déplaisir dans la région sexuelle »*.   Le refus Le devoir conjugal a disparu en termes d’obligation, mais de nombreuses femmes ne le savent pas qui acceptent encore une contrainte quotidienne non désirée. Certains hommes non plus ! Car, rappelons-le, depuis plus d’une dizaine d’années, le viol est reconnu et puni dans le mariage, comme en dehors du mariage. Il n’y a donc aucune raison pour une femme d’accepter d’être forcée à faire l’amour alors qu’elle ne le désire pas. « Aucune raison non plus d’avoir des maux de tête pour éviter un rapport non désiré. »* Il suffit à cette femme de parler, de s’affirmer, d’oser dire non et de l’expliquer. « Les mots sont les armes de la liberté*. » C’est ici qu’il faut bien faire la différence entre désir et acceptation, disponibilité et réceptivité. C’est-à-dire, pour une femme, savoir bien se connaître, connaître ses désirs, ses sentiments, sa disponibilité, son degré de préparation à l’amour. C’est ici également que nous pouvons, et devons, aider nos patientes à comprendre leur désir et, éventuellement, à le découvrir. La possibilité d’accouplement et le degré de lubrification n’ont parfois rien de commun avec le désir et l’excitation. Il existe plusieurs étapes dans la chaîne de l’excitation, facteur central de la sexualité et indispensable pour une réalisation sexuelle satisfaisante : l’absence de contrainte, un climat tendre et amoureux, une disponibilité personnelle, du temps pour faire l’amour, du désir envers le partenaire, une lubrification suffisante, un niveau d’excitation important… En l’absence des conditions désirées, il faut apprendre à cette femme à différer le désir, ou la pulsion, de son compagnon ; apprendre à cette femme à oser dire calmement « non » ; apprendre à cette femme à parler tranquillement avec son partenaire et, par exemple, lui proposer de formuler cette phrase très claire et explicite : « excuse-moi, mais aujourd’hui je suis dans la tendresse et pas dans l’excitation ». Lui apprendre enfin à donner de la tendresse sans craindre que « ça aille plus loin ». C’est l’une des difficultés auxquelles se heurtent les couples qui, très rapidement, verront leur sexualité décroître. Lorsqu’une femme, pour quelque raison que ce soit, craint le rapport sexuel, elle évite les gestes qui pourraient laisser penser à un désir de sa part et s’interdit alors toute marque de tendresse ou d’intimité de peur de ne pas pouvoir refuser. Or, c’est plus la tendresse qui va manquer à cet homme frustré que le rapport sexuel lui-même. Apprenons donc à ces femmes, nos patientes, à s’affirmer, c’est-à-dire à donner de la tendresse même, et surtout, si elles ne désirent pas de sexualité.   * P. Brenot. Le Sexe et l’amour. Éditions Odile Jacob.

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