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Sexologie

Publié le 26 juil 2011Lecture 5 min

L’érection féminine

Philippe BRENOT, Directeur DIU de sexologie, Université Paris Descartes

Avez-vous déjà lu un livre d’anatomie du XVe ou XVIe siècle ? Anatomie génitale, c’est-à-dire « honteuse », bien entendu. Avez-vous remarqué de quelle façon le sexe féminin était alors représenté ? Sous la forme d’une sorte de pénis intériorisé ! En cette époque encore marquée par une forte domination masculine, tout était pensé, énoncé, décidé par des hommes et selon un modèle masculin. Comment penser le féminin sinon comme une copie conforme, bien entendu inférieure, au modèle masculin ? Hormis les matrones, sages-femmes de l’époque, seuls les hommes approchaient le sexe, l’exploraient, le nommaient.

Et ces hommes n’ont rien pu concevoir d’autre qu’un sexe masculin habitant l’intérieur des femmes. Ils réunissaient pour cela le vagin, l’utérus et les ovaires en une sorte de phallus dont les ovaires devenaient, bien entendu, les testicules, dont le corps de l’organe était constitué du prolongement de l’utérus et du vagin, la vulve représentant le gland (figure). Cette représentation, qui asservissait un peu plus la femme, perdura pendant plusieurs siècles.   Érection vaginale Par un clin d’oeil aux vieux dessins d’anatomie, j’ai imaginé, il y a quelques années, cette représentation moderne de l’érection vaginale pour décomplexer les femmes et surtout faire comprendre à leurs partenaires, hommes, qu’elles ont un sexe et qu’ils ont à le respecter. Oui, n’en déplaise à Freud, les femmes ont un sexe aussi grand, aussi puissant, mais bien plus secret que celui des hommes. Et ce sexe, comme son homologue masculin, entre également en érection : c’est l’érection vaginale. Ce discours métaphorique est aujourd’hui nécessaire pour permettre aux hommes de comprendre que l’érection féminine existe avec un rythme différent de celle du pénis. La grande difficulté pour les hommes étant de se représenter l’excitation féminine sans faire référence à leur propre vécu d’une excitation quasi instantanée. Dans leur fondamentale étude sur Les Réactions sexuelles, Masters et Johnson ont insisté sur le facteur temporel de l’excitation : « Cette première phase (excitation) et la phase finale (phase de résolution) sont les plus longues de l’acte sexuel humain. » En réalité, le temps d’excitation est extrêmement différent pour les hommes et pour les femmes. L’érection du pénis est très rapide – 5 à 10 secondes chez un homme jeune – en un instant, le pénis est prêt à la pénétration. Un même niveau d’excitation chez la femme, c’est-à-dire distension et vasocongestion des muqueuses, lubrification et sensation de disponibilité, se produit, chez une femme très disponible et qui se connaît bien, en un temps beaucoup plus long, 15 à 20 minutes pour les plus excitables (comparable à l’excitation lente des hommes plus âgés), 30 à 60 minutes et même plus pour des femmes moins disponibles. Certaines n’y parviennent jamais en raison d’un niveau trop faible d’excitation. Des femmes en témoignent : « Il me faut une bonne heure de caresses pour être prête » ; « je n’y arrive jamais… Ah, si… c’est arrivé une fois, l’an dernier, dans la dernière semaine des vacances ! » On prend alors conscience combien l’abandon des tensions et le lâcher prise sont nécessaires à la disponibilité sexuelle.   Prière aux hommes C’est essentiellement aux hommes que s’adresse ce discours, pour leur permettre de comprendre le temps nécessaire à leur compagne pour être prête à l’amour. « Votre pénis au repos est un petit appendice mou, flasque et ratatiné, de quelques centimètres. Jamais vous ne tenteriez une pénétration si votre pénis restait au repos. Imaginez-vous bien que le vagin de votre partenaire en est au même niveau, sec et replié sur lui-même. Vous l’avez peut-être perçu ainsi en le pénétrant d’un doigt. Sous l’effet des caresses, du contexte tendre et amoureux de votre relation, son désir s’installe progressivement. L’excitation, qui est la phase essentielle de la sexualité, augmente lentement tout au cours des préliminaires. C’est à cela que sert cette phase de préparation. Vous avez beaucoup de difficulté à l’imaginer car, pour les hommes, cette phase n’existe pratiquement pas, l’excitation maximale que constitue l’érection étant très rapidement atteinte. Il faut vous figurer que son vagin est en train de s’assouplir pour lui permettre de vous accueillir dans les meilleures conditions de l’amour. C’est donc elle qui pourra décider du moment de la pénétration. » Ce très simple discours, que je tiens maintenant depuis des années, permet aux hommes de se faire une représentation juste de la préparation féminine et surtout de comprendre l’importance des préliminaires en amour.

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