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Sexologie

Publié le 07 mar 2010Lecture 4 min

Le point G existe-t-il ?

Philippe BRENOT, Directeur DIU de sexologie, Université Paris Descartes

Cette information vient de faire la Une des journaux comme un scoop, tant le sexe est devenu un amusement pour les médias et, pour beaucoup de pseudo-spécialistes, l’enjeu de fausses idéologies. C’est ainsi que le Daily Mail du 5 janvier dernier titrait : « The G-spot is a fantasy ! : That elusive erogenous zone doesn’t exist, say researchers (le point G est un fantasme : cette insaisissable zone érogène n’existe pas, affirment des chercheurs).

La difficulté dans cette affaire est que se mêlent sans distinction des observations scientifiques et une interprétation populaire relayée par des médias qui ont fait de ce point une sorte de déclencheur potentiel de l’orgasme, répondant en cela à une inquiétude séculaire, celle des hommes qui désirent la jouissance de leur partenaire et n’en ont pas trouvé la clé. C’est la version moderne du filtre d’amour, du secret orgasmique ! Car si ce point était identifiable chez toutes les femmes, la question de l’amour physique serait alors totalement résolue ! Il suffirait, comme un sex-toy, d’appuyer sur la bonne commande pour obtenir le résultat souhaité ! En réalité, le point G est un fait d’observation qui prête toujours à discussion, comme c’est le cas pour de nombreuses observations scientifiques.   Le point G Cette zone située sur la paroi antérieure du vagin chez la femme, de 1 à 4 cm de l’orifice vulvaire, a souvent l’aspect d’une excroissance palpable, mais il n’est pas certain que cette localisation soit la même chez toutes les femmes. La forme, la localisation et l’importance de cette zone semblent varier considérablement d’une femme à l’autre ; pour certaines, cette région serait plus focalisée, pour d’autres, l’ensemble de la paroi antérieure serait différemment sensible du reste du vagin. Cette zone est anatomiquement à la jonction des deux circulations sanguines (profonde et superficielle) qui irriguent le vagin, elle est également accolée aux racines profondes du clitoris (certains ont pu prétendre qu’il ne s’agissait que d’une stimulation clitoridienne à travers la paroi du vagin). Cela étant, que le point G existe ou non, cette région antérieure de la paroi vaginale semble particulièrement et différemment sensible que le reste du vagin chez certaines femmes.   Recherches scientifiques De nombreuses recherches ont été effectuées, notamment par Beverly Whipple qui a montré la potentialité de cette zone érogène intravaginale chez une majorité de femmes à l’âge adulte. En outre, des travaux anatomiques* ont pu évoquer un lien avec ce que l’on nomme « la prostate féminine », structure résiduelle péri-urétrale d’une ébauche embryologique de prostate chez la femme, se situant dans cette région proche de la paroi vaginale. De très rares cas de cancer de la prostate ont ainsi été décrits chez la femme. L’étude citée par le Daily Mail est un travail d’enquête du département de recherche du très réputé laboratoire de génétique du King’s College de Londres, qui a étudié par questionnaires les réponses de 900 paires de jumelles âgées de 23 à 83 ans (vraies et fausses jumelles) à la question suivante : « ressentez-vous une excitation particulière à la stimulation d’une région spécifique de votre vagin ? ». Les réponses des vraies et fausses jumelles n’étant pas homogènes, ils en ont conclu que le point G n’existait pas ! Hâtive conclusion ! Il est certain qu’il existe de l’idéologie des deux côtés, certain également qu’existe une zone différemment sensible sur la face antérieure du vagin que certaines femmes peuvent avoir développé (c’est tout l’enjeu de l’anatomie fonctionnelle) par une initiation sexuelle précoce, et l’entraînement à l’excitation. C’est ce que montrent bien les travaux, un peu anciens maintenant, de réchauffement volontaire du vagin par apport sanguin chez des femmes entraînées à l’amour. *Zaviacic M. et al. La prostate féminine : historique, morphologie fonctionnelle et implications en sexologie, Sexologies, XI, 41, 38-49. (cf. www.aihus.fr, publications)

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