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Sexologie

Publié le 19 juil 2009Lecture 4 min

L’amour synchrone

P. BRENOT, Université Paris 5
Notre désir, si naturel à nos yeux, de « jouir ensemble » entre dans l’idée de réciprocité qui accompagne l’amour, celle d’une pensée unique, de désirs communs, de la jouissance simultanée, d’un mouvement synchrone idéalisé qui nous permettrait une vie fusionnelle et amoureuse de tous les instants. Mythe infantile, fantasme occidental contemporain, cette synchronicité de tous les actes de l’amour n’est que rarement réalité, sauf dans le moment très particulier de la rencontre amoureuse et en raison de l’excitation déclenchée par la nouveauté des sensations. 
Dans le mythe auquel nous nous sommes habitués aujourd’hui d’une performance amoureuse exigée par la société, sinon par le (ou la) partenaire, l’amour synchrone est certainement le signe d’assentiment le plus recherché et le plus attendu. Cet « orgasme mutuel » jugé idéal est en réalité rarement atteint lorsqu’on se le donne pour but ! C’est en effet lorsqu’on se focalise trop sur la réalisation que l’angoisse se mêle de son accomplissement.   Maladie de la synchronisation La recherche de cette synchronisation de l’orgasme engendre beaucoup plus de difficultés que d’épanouissement, et particulièrement pour les femmes qui ne jouissent pas sur commande et pour les hommes qui ne maîtrisent pas facilement l’émotion sexuelle. Pour beaucoup d’entre eux, hommes ou femmes, cette « obligation de résultat » nécessite une concentration artificielle sur le vécu du partenaire, ce qui leur enlève toute spontanéité. Pour d’autres, la fixation obsessionnelle sur cet objectif idéal s’accompagne d’une forte culpabilité, ou d’une dévalorisation, si le résultat n’est pas atteint. La crainte du jugement du partenaire suscite alors une angoisse d’anticipation qui sera encore un obstacle à sa réalisation. Ce mythe de l’orgasme simultané a déstabilisé tant de couples que le seul conseil que nous pouvons donner, nous, médecins accompagnants de nos patients, est plutôt d’abandonner cet objectif pour se laisser aller à la recherche mutuelle d’une excitation suffisante qui ne pourra alors que permettre l’orgasme.   Le temps de l’amour Au-delà de l’orgasme, difficile à décider, c’est souvent d’un défaut de synchronisation dont souffrent les couples que nous sommes amenés à rencontrer : « elle n’a pas envie quand je la désire », « il vient plus vite que moi », « tu as fini quand je n’ai pas encore commencé »… Nos rythmes sont différents, pour chacun d’entre nous et dans notre vécu d’hommes ou de femmes. Rythme d’amour comme rythme de vie. Et pour les vivre ensemble, il faut nécessairement un temps partagé qui soit suffisant à l’un et à l’autre pour synchroniser les rythmes personnels. Ce temps ne sera effectif que si chacun, profondément à l’écoute de l’autre, prend conscience de sa progression dans l’excitation. « L’amour se fait en réalité d’abord seul avec soi-même » et nous paraît accompli lorsque chacun, capable de s’autoexciter, peut alors partager cette excitation avec son partenaire. L’amour permet ainsi de rompre avec les tensions de la vie quotidienne. Lorsque ce n’est pas le cas, les tensions se poursuivent et l’amour se fait difficile, voire impossible. Car faire l’amour, c’est d’abord prendre le temps d’écouter le partenaire. La vie urbaine contemporaine nous impose un rythme et des contraintes qui vont à l’encontre du « temps disponible ». Combien de couples ne se rencontrent que quelques heures par jour, si ce n’est par semaine ! Dans ce carcan imposé par la société, chacun souffre, mais surtout l’amour s’éloigne, avec une grande différence de perception selon les hommes et les femmes : si le temps manque, rares seront les femmes qui pourront être disponibles et la frustration masculine semblera permanente, dans la mesure où la sexualité de l’homme ne nécessite que peu de temps de préparation ; tandis que pour la femme, les conditions de l’amour ne sont pas réunies. C’est à nous médecins de bien faire comprendre à nos patients cette profonde différence entre la sexualité de l’homme et celle de la femme, qui est l’objet de tous les malentendus dans la mesure où l’amour ne pourra se réaliser que lorsque les conditions seront réunies pour l’homme comme pour la femme, c’està- dire lorsque la disponibilité féminine sera possible.

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