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Thérapeutique

Publié le 13 nov 2007Lecture 9 min

L’acupuncture auriculaire en gynécologie : un traitement complémentaire utile

Pratiquée depuis quelques années dans les plus grands centres anticancéreux dans le cadre des consultations de la douleur, l’acupuncture auriculaire apporte une aide thérapeutique importante, lorsque les thérapeutiques allopathiques sont insuffisantes ou contre-indiquées. Elle a fait l’objet de nombreuses publications dont certaines, dans des revues référencées du plus niveau. Tour d’horizon…
Principe et mode d’action Les théories génétiques, embryologiques, la richesse de l’innervation de l’auricule, sa vascularisation, sa position anatomique contiguë de part et d’autre des hémisphères cérébraux, enfin son ultrastructure et son histologie fondent l’auriculothérapie. Le corps est ainsi représenté dans l’oreille en position de fœtus tête en bas. Sur l’oreille se projettent donc toutes les fonctions du corps sur plus de 150 points, chacun correspondant à une zone corporelle précise. Chaque point est un complexe neurovasculaire qui, par le jeu d’une intrication nerveuse, est en relation avec le tissu cérébral. L’activation thérapeutique des points d’acupuncture auriculaire alors affichés, c’est-à-dire générateurs de différences de potentiel supérieures à celles des pointsde base sur les pavillons lors de l’existence d’une pathologie, permet en retour de soigner les patients par rééquilibrage homéostasique sélectif et dirigé.   Bases théoriques de l’auriculothérapie Théorie embryologique (Gasser en 1975) reconnaît 5 points :    Le pavillon auriculaire provient de la coalescence des 6 bourgeons apparus sur les berges de la 1re fente brachiale, au 40e jour de l’embryon.    Ces 6 bourgeons sont issus de la prolifération mésenchymateuse des 2 premiers arcs branchiaux.    Les dérivés de ces bourgeons gardent l’innervation de l’arc branchial qui les porte.    Le 1er arc branchial est innervé par le nerf trijumeau.    Le 2e arc branchial est innervé par le VII bis. Théorie neuro-anatomique (Bossy en 1970) reconnaît :    Pour la face externe : – une aire antéro-supérieure, innervée par le nerf auriculo-temporal, issu du nerf mandibulaire (V3), à polarité orthosympathique ; – une aire centrale s’étendant à toute la conque à innervation vagale et à polarité parasympathique ; – une aire périphérique hélico-lobulaire, innervée par le grand nerf auriculaire, issu du plexus cervical superficiel (C2, C3) et sans polarité autonome nette.    Pour la face interne : – le tiers supérieur de l’auricule innervé par le nerf auriculo-temporal ; – les deux tiers inférieurs innervés par le grand nerf auriculaire. Pour concilier les deux théories, il faut concevoir une hypothèse embryodynamique où existe entre le 26e et le 40e jour une céphalisation, une compression et un télescopage des arcs branchiaux entraînant des anastomoses entre le VII bis (nerf du 2e arc), le IX (nerf du 3e arc) et le X (nerf du 6e arc). Ces bouleversements vont aboutir à une désorganisation de la structure métamérique et à des fusions d’éléments nerveux d’origine différente, le tout concordant avec les études de G. Lazorthes (1971). Ainsi : – la conque centrale innervée par le rameau auriculaire du vague (X) à projection endoblastique a une polarité parasympathique ; – le pavillon innervé par le nerf auriculo-temporal (issu du V3) à projection mésoblastique a une polarité orthosympathique ; – une aire hélico-lobulaire innervée par le grand nerf auriculaire (issu du plexus cervical superficiel) à projection ectoblastique n’a pas de polarité ; – une aire tragale innervée par le nerf auriculo-temporal à projection ectoblastique qui amène des résurgences du VII bis (face interne), du IX (moitié supérieure de la face externe) et du III (moitié inférieure). Sa polarité est donc plutôt parasympathique. Preuves IRM fonctionnelle L’existence de corrélation entre la représentation du point du pouce à l’oreille et la projection somatotopique du pouce en somatotopie S1 dans le cerveau a été démontrée grâce à l’avènement de l’IRM fonctionnelle. Dans une étude réalisée à l’institut de radiologie de Bâle en Suisse sur 10 sujets sains, l’auteur montre l’existence d’un signal IRM d’activité dans la zone cérébrale en somatotopie S1 correspondant au pouce, à la suite d’une poncture du point du pouce à l’oreille, équivalente à celle observée lors de la stimulation tactile du pouce.   Preuve de l’efficacité de l’acupuncture auriculaire sur les douleurs cancéreuses L’efficacité de l’acupuncture auriculaire sur les douleurs a été démontrée, entre autres, dans une très belle étude*. À l’Institut Gustave-Roussy, 90 patients cancéreux douloureux ont été randomisés en 3 groupes : un premier groupe a fait l’objet de 2 séances d’acupuncture auriculaire sur des points où un signal électrodermique avait été détecté, un groupe placebo avec des punctures de points sans signal détecté et un deuxième groupe placebo avec des graines fixées sur des points placebo sans signal. Les patients présentaient tous une résistance à une pharmacothérapie stable et adaptée au type et à l’intensité de la douleur depuis 30 jours, avec un score douloureux résiduel à l’échelle EVA supérieur ou égal à 30 mm. Lors de consultations à J0, J30 et J60, les résultats montrent une décroissance de la douleur de 36 % dans le groupe traité par acupuncture auriculaire, et de 2 % dans le groupe placebo (p < 0,001).  L’étude conclut au bénéfice qu’apporte l’acupuncture auriculaire dans la réduction de la douleur des patients cancéreux qui restent douloureux malgré un traitement pharmacologique bien conduit. *Alimi D et al. Analgesic effect of auricular acupuncture for cancer pain: a randomized, blinded, controlled trial. J Clin Oncol 2003 ; 21(22) : 4120-6. Déroulement d’une séance Le pavillon se comporte donc comme un « écran tactile » à 150 touches environ sur lequel se projette le corps dans son ensemble. Le médecin pianote donc pour rééquilibrer le circuit neurophysiologique défaillant. Les points peuvent se trouver sur les 2 faces de l’auricule, externe qui porte les symptômes sensitifs, et interne qui porte les symptômes moteurs. Les deux hémi-conques supérieure et inférieure abrite les projections neurosomatotopiques endodermiques, l’anthélix les mésodermiques et l’hélix et le lobule les neuroectodermiques. Les points à traiter sont mis en évidence et validés par un voltmètre qui enregistre une variation importante de différence de potentiel, signe du déséquilibre. Sur ces différents points sélectionnés, d’abord par un diagnostic précis, retranscrit mentalement par le médecin en « chemin » anatomique et neurophysiologique, ensuite dont la différence de potentiel mesurée s’avère pathologique, sont appliquées (dans des conditions d’asepsie scrupuleuses) des petites aiguilles semi-permanentes, stériles et à usage unique, de 3 mm de long, terminées par une surface plane comme un petit clou, légèrement apparent et indolore au bout de 24 heures. Le patient repart avec ces petites aiguilles dans son pavillon de l’oreille (ou des deux) ; elles tomberont spontanément d’elles-mêmes au bout de 1 à 60 jours, une fois leur action thérapeutique effectuée. Parallèlement, le patient qui avait donné lors de la consultation l’intensité (de 1 à 10/10) de la gêne que lui procure son symptôme, devra la noter à nouveau chaque semaine sur le schéma qui lui est remis, ainsi que les dates de chute des aiguilles. Il rapportera ces renseignements à la consultation suivante. C’est le patient qui décide de revenir pour une nouvelle consultation lorsqu’il trouve que l’effet s’estompe et que le symptôme réapparaît et ainsi de suite, sachant que, dans ce cas de réponse thérapeutique, bien souvent l’intervalle entre deux séances augmente au fil du temps. En revanche, si à la suite de la première séance, il n’est pas soulagé, il revient entre 7 à 10 jours après la chute du dernier clou pour une seconde tentative ; si cette dernière ne produit aucun effet, on arrête ; si elle est positive, on se retrouve dans l’hypothèse précédente avec le patient qui revient à la remontée du symptôme.   Les indications Cancérologie    À l’annonce du diagnostic, un traitement relaxant permet à la patiente d’envisager plus sereinement l’avenir, avec du recul et un moindre stress et ainsi démarrer la chimiothérapie et/ou la radiothérapie dans de meilleures conditions.    Les nausées et les vomissements chimio-induits peuvent être jugulés ou minorés, l’asthénie aussi.    Les troubles de la sensibilité des extrémités, retrouvés particulièrement avec les taxanes, peuvent être diminués.    Les bouffées de chaleur inhérentes aux effets secondaires thérapeutiques (chimiothérapie, hormonothérapie, agonistes de la LH-RH ou annexectomie bilatérale).    Les lymphœdèmes peuvent être améliorés.    Toutes les douleurs qui sont l’indication princeps de l’acupuncture auriculaire peuvent être prises en charge, qu’elles soient aiguës ou chroniques (névralgie, neuropathie, plexite, « gros bras », algoneurodystrophie, colite, dysménorrhée, zona, moignon d’amputation, métastase osseuse) postopératoires ou non.    Toutes les pathologies liées au stress – insomnie, dépression, céphalées, migraines, gastralgies, constipation, reflux, hypertension artérielle systolique, prurit, psoriasis – peuvent être minimisées. Pathologies gynécologiques et obstétricales (liste non exhaustive)    Les dysménorrhées.    Les douleurs pelviennes.    Les bouffées de chaleur et troubles de l’humeur en périménopause.    Toutes les pathologies liées au stress au cours des stimulations ovariennes.    Les nausées et vomissements de la grossesse.    Les lombalgies de la grossesse.    L’aide au travail et à l’accouchement.   Conclusion Toutes les maladies qui ont un substratum neurophysiopathologique peuvent être traitées par acupuncture auriculaire de façon complémentaire ou alternative. L’acupuncture auriculaire ou auriculothérapie, par ses indications multiples dans toutes les douleurs, le stress, les allergies, les troubles fonctionnels et la plupart des désordres de la vie actuelle, pourrait se placer en première intention avant toute thérapeutique médicamenteuse (avec ses effets secondaires potentiels), si elle n’était encore méconnue ou réservée à quelques privilégiés. Tous les désordres du système nerveux autonome sont, a priori, accessibles. Son élégance, sa simplicité, son efficacité et la restauration du meilleur équilibre possible de l’organisme séduisent de plus en plus de patientes, qui s’accordent à penser que « trouver la réponse à sa pathologie à l’intérieur de soi-même vaut mieux que le meilleur des médicaments ». 

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