publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Sexologie

Publié le 12 jan 2011Lecture 4 min

Homme irritable !

Philippe BRENOT - Directeur DIU de sexologie, Université Paris Descartes

Valérie a 32 ans, elle est secrétaire de direction dans un grand groupe alimentaire ; son mari Serge a 35 ans, il est contrôleur de gestion dans une entreprise de travaux publics. Ils se connaissent depuis 12 ans et ont deux enfants de 7 et 5 ans.
Valérie aurait aimé avoir un troisième enfant, elle en avait parlé à Serge dès le début de leur union et après leur mariage, mais devant le climat conflictuel permanent, elle ne peut envisager facilement l’avenir, car elle commence à ne plus croire à leur couple. « Il crie pour un oui ou pour un non, il est irritable, agressif surtout depuis ces deux dernières années. Je reconnais qu’il a des difficultés dans son travail, mais je suis moi-même très prise par mon activité professionnelle. Ses colères sont trop fréquentes, il me dit alors des choses horribles que je ne peux plus accepter. C’est certainement de ma faute, car dès le début j’ai accepté son comportement. Mais tout de même, ce n’était pas comme aujourd’hui. C’est purement invivable ! » Lorsque je les vois pour la première fois, chacun en entretien particulier, Serge reconnaît ses fréquents emportements, mais pour lui tout cela n’est pas très grave et surtout ça ne porte pas à conséquence : « C’est elle qui en fait tout un plat. Oui je suis coléreux, mais quand c’est fini, j’oublie très rapidement ! Il est vrai que je m’énerve plus facilement depuis quelque temps. Mais elle n’y est pas pour rien. »   Agressivité masculine Nous sommes habitués aux reconstructions personnelles des conflits conjugaux, avec tout de même la constante des colères masculines qui apparaissent comme un trait de caractère habituel de beaucoup d’hommes. Oui, bien sûr, il existe des femmes colériques, mais l’impulsivité agressive est quasi habituellement masculine, votre expérience vous le montre : tant de femmes la racontent. Et elles ne se sont pas donné le mot. Il est évident qu’il faut dépasser l’archétype de l’homme puissant et dominateur qui serait une sorte de « caractère masculin ». À cela, la réplication du modèle parental est souvent un élément constitutionnel : « Je vois bien qu’il réagit comme son père qui est toujours en colère, prêt à s’emporter et tout le monde l’accepte. » Il se justifiera souvent de la sorte : « Je n’y peux rien, je suis comme ça, c’est vrai que mon père s’énervait facilement et que je fais comme lui ». Je répondrai à cet homme aveugle de lui-même : « Si ce comportement a été appris, certainement par imitation, il peut donc se désapprendre* ». Et c’est ce que nous faisons souvent, dans les thérapies de couples, lorsque l’homme accepte d’entendre le regard extérieur de sa compagne.   Dépressivité Il est cependant une dimension à ne pas négliger, celle d’un trouble de l’humeur qu’il faut connaître et reconnaître. Les signes classiques de la « dépression » que sont les pleurs, l’humeur triste, le ralentissement… caractérisent majoritairement les dépressions féminines, tandis que nous savons aujourd’hui qu’il existe ce que l’on appelle des « dépressions hostiles », essentiellement masculines, faites d’irritabilité, d’impulsivité, de colère et d’agressivité. Tandis que les femmes sont en général conscientes de la nature dépressive de l’épisode, les hommes n’en ont que rarement conscience, leur agressivité étant une sorte de fuite dans l’action et non dans la réflexion. C’est ainsi que j’affirme de façon entière que beaucoup d’hommes agressifs sont des hommes dépressifs. Il est alors important de leur permettre d’en prendre conscience et, lorsqu’ils l’acceptent, de suivre un traitement sérotoninergique qui va « gommer » les accès de colère et d’agressivité, permettant alors de réorganiser en thérapie les relations à l’intérieur du couple. Serge avait un modèle paternel de colères irraisonnées, mais présentait également une amorce dépressive en lien avec des soucis professionnels qui majoraient leur expression et rendaient la vie familiale insupportable. Le traitement de cet épisode et la thérapie du couple leur ont permis de retrouver un équilibre satisfaisant. * P. Brenot, Les Violences ordinaires des hommes envers les femmes, Éditions Odile Jacob

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème

Vidéo sur le même thème