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Sexologie

Publié le 17 fév 2010Lecture 5 min

Ça me fait toujours mal !

Philippe BRENOT, Directeur DIU de sexologie, université Paris Descartes

« L’amour a toujours fait mal ! », disaient nos grand-mères à une époque où les conditions de l’amour étaient rarement réunies. Elles n’avaient, en effet, connu aucune information sur la sexualité ni éducation à l’érotisme et leurs partenaires n’avaient que des notions très vagues de ce qu’était la sexualité féminine. Dans ces conditions, il est bien difficile pour une femme de ne pas « souffrir » dans un rapport sexuel peu compris, voire non désiré, et surtout non préparé. Les « cris de douleur » en amour ne devraient plus s’entendre, aujourd’hui où l’information sur la sexualité a été largement diffusée, notamment par les médias féminins, car il faut le répéter avec insistance : « l’amour ne fait pas mal, il fait du bien ! »

À l’opposé, il ne faut pas non plus nier la douleur dans le rapport sexuel, idée fausse souvent soutenue par des hommes certains de procurer du plaisir et non de la douleur à leur partenaire. Les dyspareunies, ces douleurs génitales déclenchées par le coït, lors de la pénétration ou au cours du rapport sexuel, peuvent d’abord être en lien avec un problème génital, que les gynécologues doivent pouvoir lever ou expliquer, s’il n’y a pas de point d’appel organique, sans fuir la réalité du vécu douloureux. En effet, si à l’examen et à l’anamnèse aucun point particulier n’est trouvé, il est important de ne pas seulement répondre : « c’est psychique », ou « c’est dans la tête » et surtout pas « vous n’avez rien ! », alors qu’il est évident que cette femme souffre et qu’elle a quelque chose, puisqu’elle le dit ! Malheureusement, cette dernière attitude n’est pas rare, elle n’est cependant qu’une manière de renvoyer la patiente à une incompréhension dont elle souffre, car elle n’a pas rien ! Il est au contraire important de l’assurer de la réalité de sa souffrance : « Oui, vous avez des rapports douloureux même s’il n’y a pas de cause médicale. En réalité, c’est parce que la pénétration est trop hâtive alors qu’à ce moment là, vous n’êtes pas prête à faire l’amour ».   Pédagogie C’est ici qu’il nous faut être très pédagogues, c’est-à-dire ne pas nier la réalité de la douleur, même s’il n’y a aucun point d’appel au plan médical (l’examen étant nécessaire pour éliminer une cause organique), mais de la resituer sur un niveau relationnel et dans sa réalité de souffrance dans le corps, car un rapport non préparé fait évidemment mal. Ce sont en effet les réactions sexuelles qui ne sont pas suffisantes (vagin rétracté, absence de lubrification, non disponibilité émotionnelle et psychique…). L’appareil sexuel de la femme réagit tout autant que celui de l’homme aux stimulations sensorielles et amoureuses mais avec une échelle de temps très différente et surtout avec de multiples conditions à la réceptivité amoureuse, conditions que ne connaissent pas les hommes. Les conditions de l’amour, pour une femme, dépendent de dispositions amoureuses, de la qualité de la relation avec le partenaire et d’un ensemble de stimulations ayant permis la préparation de l’appareil génital ; elles dépendent enfin surtout de l’absence de « freins » concernant l’excitation sexuelle. Et, en la matière, dans la vie urbaine contemporaine, les freins sont très nombreux : stress, contrariétés, responsabilités, trop plein d’activité ou de soucis… Il ne s’agit pas là d’un caprice féminin, mais des conditions nécessaires à la détente pour une femme, ce que les hommes doivent aujourd’hui comprendre pour vivre un épanouissement sexuel à deux.   L’érection féminine* Pour mieux faire comprendre ce temps féminin invisible de préparation à l’amour – et le faire aussi bien comprendre aux femmes qu’aux hommes ! -, je parle de façon métaphorique de l’existence d’une « érection féminine » intérieure qui nécessite un certain temps pour que le vagin s’assouplisse et soit prêt à recevoir un pénis en érection, pour que les sécrétions soient suffisantes (l’humidification rapide de la vulve n’étant pas un indice suffisant de préparation à l’amour), pour que la disponibilité amoureuse soit totale. (C’est pour cette raison qu’on a parlé de préliminaires, notion quasi inexistante il y a 50 ans !) En l’absence de ce temps de préparation, la muqueuse n’étant pas prête à faire l’amour, tout rapport sera douloureux. Il n’est donc pas anormal pour une femme de ressentir de la douleur lorsqu’elle n’est pas prête à l’amour, mais il est, en revanche, anormal aussi qu’elle ne sache – ou ne puisse – pas dire NON !  

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