Publié le 31 mai 2025Lecture 5 min
Infections à VRS chez le nourrisson : actualités sur les moyens de prévention
Odile CHOUBERT

Le virus respiratoire syncytial représente un fardeau important pour les nourrissons, les familles et les systèmes de santé. Les avancées scientifiques permettent de mieux comprendre les enjeux, de démontrer les bénéfices de l’immunisation maternelle et d’en préciser les modalités optimales.
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est un agent infectieux extrêmement contagieux, transmis par voie aérienne ou par contact avec des surfaces contaminées. Dès l’âge de 2 ans, la quasi‐totalité des enfants a déjà été exposée, ce qui témoigne de la large circulation du virus. Pourtant, cette exposition ne confère pas d’immunité durable, rendant possibles les réinfections tout au long de la vie. Chez le jeune enfant, le VRS peut provoquer des infections variées, allant de simples affections des voies respiratoires supérieures (rhinite, otite) à des atteintes plus sévères des voies inférieures. La forme la plus redoutée est la bronchiolite, qui touche principalement les nourrissons de moins de 2 ans. Chaque année, environ 30 % des enfants de moins d’un an développent cette pathologie, et 2 à 3 % sont hospitalisés en raison de difficultés respiratoires ou d’une incapacité à s’hydrater correctement à domicile. Les trois premiers mois de vie sont une période de grande vulnérabilité, avec un risque d’hospitalisation pour bronchiolite particulièrement élevé entre septembre et janvier. Au‐delà de l’épisode aigu, le VRS est associé à des conséquences plus durables. Il favorise les co‐infections bactériennes sévères, notamment à pneumocoque et augmente le risque de développer un asthme. Par ailleurs, l’hospitalisation pour bronchiolite entraîne souvent une interruption prématurée de l’allaitement maternel, privant l’enfant de ses bienfaits nutritionnels et immunologiques. Dans ce contexte, la prévention joue un rôle central. Elle repose d’une part sur l’immunisation spécifique, soit par la vaccination maternelle permettant le transfert d’anticorps au fœtus, soit par l’administration d’anticorps au nourrisson après la naissance. Elle s’accompagne également de mesures non spécifiques indispensables telles qu’une hygiène rigoureuse des mains, une limitation des contacts avec des personnes malades et une réduction des visites auprès des nouveau‐nés durant la période hivernale.
Données scientifiques sur l’immunisation maternelle
L’immunisation maternelle désigne la vaccination des femmes enceintes dans le but de protéger à la fois la mère et le nouveau‐né. Cette stratégie repose sur la production d’anticorps par l’organisme maternel, lesquels sont ensuite transmis au fœtus via le placenta. Cette protection passive confère au nourrisson une immunité temporaire mais efficace pendant les premières semaines ou mois de vie, période durant laquelle il est particulièrement vulnérable. Actuellement, quatre vaccins sont recommandés pendant la grossesse : grippe, COVID‐19, coqueluche et VRS. D’une part, ces vaccins réduisent le risque de formes graves chez la femme enceinte, dont certaines infections peuvent entraîner des complications obstétricales graves comme des accouchements prématurés, des fausses couches ou, plus rarement, des décès fœtaux. D’autre part, ils protègent le nouveau‐né contre des infections sévères telles que la coqueluche ou la bronchiolite à VRS. Les études cliniques, notamment des essais contrôlés contre placebo, confirment l’efficacité de ces vaccins pour réduire les infections graves chez les mères et les enfants. Elles s’accompagnent de données de sécurité très rassurantes, issues à la fois des essais cliniques et des registres de pharmacovigilance. Pour le vaccin contre le VRS, l’essai MATISSE n’a révélé aucune différence significative de taux de prématurité entre les groupes vaccinés et non vaccinés(1). Les données de vie réelle, notamment celles recueillies aux États‐Unis, ont renforcé ces résultats en confirmant l’absence d’augmentation du risque de naissance prématurée.
L’immunisation maternelle en pratique
La vaccination pendant la grossesse repose sur une organisation précise, avec des calendriers propres à chaque vaccin. Les vaccins contre la grippe et la COVID‐19 peuvent être administrés à tout moment de la grossesse, en lien avec les campagnes saisonnières. Celui contre la coqueluche, quant à lui, doit être réalisé entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée (SA), afin d’assurer un transfert optimal des anticorps maternels au foetus. Pour le vaccin contre le VRS, la fenêtre de vaccination est plus courte, de 32 à 36 SA, avec un délai minimal de deux semaines avant la naissance pour garantir la protection du nouveau‐né. La coadministration de certains vaccins est possible, sous conditions. Grippe, COVID‐19 et VRS peuvent être injectés simultanément, à condition d’utiliser trois sites d’injection distincts, espacés d’au moins 2,5 cm. En revanche, la vaccination contre le VRS et celle contre la coqueluche ne doivent pas être réalisées le même jour, car leur combinaison diminue l’efficacité immunitaire contre la coqueluche. Un intervalle d’au moins deux semaines entre les deux est recommandé.
Pistes d’amélioration de la couverture vaccinale
Malgré ces dispositifs, la couverture vaccinale reste insuffisante en France : environ 65 % des femmes enceintes sont vaccinées contre la coqueluche, et seulement 30 % contre la grippe. Ces chiffres traduisent une hésitation vaccinale du fait des croyances personnelles, de la perception du risque, d’une faible visibilité des campagnes ou encore d’une organisation inadaptée des soins.
Pour améliorer cette couverture vaccinale, plusieurs leviers sont identifiés. L’information délivrée doit être cohérente, portée collectivement par les équipes de soins et relayée de façon homogène. L’accès à la vaccination doit aussi être facilité, par exemple via la mise en place de créneaux de consultation spécifiques ou la possibilité d’administrer les vaccins immédiatement après une consultation. Il est également essentiel de mobiliser tous les professionnels habilités à vacciner, c’est‐à‐dire les sages‐femmes, les médecins, les infirmiers, les pharmaciens, les centres de santé et les PMI. Enfin, un soutien logistique et financier, notamment par l’assurance maladie, doit accompagner ces efforts.
En conclusion, le VRS constitue un fardeau important pour les nourrissons, en particulier durant les premiers mois de vie. L’immunisation maternelle, appuyée par des données solides, permet une protection efficace dès la naissance. Dans un contexte de couverture vaccinale encore insuffisante, le rôle des médecins est central : informer, proposer et organiser la vaccination pendant la grossesse afin de prévenir les formes graves et limiter la pression sur le système de soins.
D’après un symposium réalisé avec la collaboration du laboratoire PFIZER, et la participation de Marie‐Laure Charkaluk (Lille), d’Olivia Anselem (Paris) et de Caroline Brochet (Paris). 34e salon de Gynécologie Obstétrique Pratique, 13 mars 2025.
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