Publié le 31 mai 2025Lecture 2 min
Fracture de verge : prise en charge en urgence ou différée ?
Hélène JOUBERT

La prise en charge chirurgicale de la fracture du pénis ne fait plus débat, mais pourrait-elle être différée ? Réponse avec le Dr Alexandra Clerget, chirurgien-neurologue à l’hôpital Paris Saint-Joseph.
La fracture de la verge correspond à une rupture de l’albuginée, pouvant parfois s’accompagner d’une lésion de l’urètre. Cet accident survient généralement lors d’un traumatisme direct pendant une érection, lorsque l’albuginée est particulièrement fine (environ 0,25 mm). Dans près d’un cas sur deux (48 %), il résulte d’un « faux pas » lors du coït, souvent lié à un problème d’intromission(1). Dans un nombre de cas non négligeable, il peut être provoqué par une plicature volontaire dite « manuelle ». En particulier au Moyen‐Orient, la cause la plus fréquente est une manipulation destinée à interrompre l’érection par compression (manœuvre de Taghaandan). Une masturbation traumatique peut aussi en être à l’origine, voire un traumatisme externe ou une plicature involontaire.
Les recommandations européennes préconisent une prise en charge chirurgicale(2) afin de réduire les risques de complications fonctionnelles à long terme telles qu’une dysfonction érectile, une maladie de Lapeyronie ou des douleurs lors des érections. Parmi les quelques études sur le sujet, l’une comparant 502 patients traités dans les 24 heures suivant la fracture à ceux pris en charge après ce délai n’a montré aucune différence pour la dysfonction érectile, mais elle a révélé un taux plus élevé de courbure de la verge dans le groupe « délai supérieur à 24 heures » (1,8 % vs 4,5 %)(3). En résumé, le Dr Alexandra Clerget note que « bien que la littérature soit hétérogène, les résultats fonctionnels sont préservés si la prise en charge intervient dans les 24 heures ». Elle ajoute par ailleurs qu’aucune recommandation précise n’existe concernant le bilan préopératoire en termes d’imagerie pour les fractures de la verge. Et donc, « aucun élément probant ne suggère qu’il soit avantageux de différer l’intervention pour réaliser un bilan d’imagerie, sauf si la suspicion de fracture est faible, par exemple en cas d’hématomes isolés sans éminence, craquement ou tableau clinique évocateur ».
Fract’AFUF est une nouvelle base de données multicentrique nationale soutenue par l’AFU, regroupant 19 centres participants. Elle explore l’impact du délai entre la fracture et la prise en charge chirurgicale, de la voie d’abord (dégantage ou abord électif), ainsi que la place de l’imagerie préopératoire et des scores prédictifs.
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