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Échographie

Publié le 25 mar 2024Lecture 5 min

Annonce d’une mauvaise nouvelle à l’échographie de dépistage

Caroline GUIGNOT, d’après les communications d’Olivia Anselem (Paris), Eve Mousty (Nîmes), Nicolas Sananès (Strasbourg) et Nadine Knezovic (Strasbourg)

L’annonce d’une mauvaise nouvelle lors de la première échographie est toujours « un tsunami » pour les parents. Sur la base de témoignages de patients, issus de groupes de parole, un groupe de travail a conduit une réflexion ayant abouti à la rédaction d’un guide d’aide à l’annonce, complété par des vidéos de scénarios simulés, sous l’égide de la commission échographie du CnGOF.

L'annonce d’une anomalie à l’échographie de dépistage est toujours impréparée et contraire aux attentes des parents qui s’attendent à voir pour la première fois le profil de leur bébé, et à connaître son sexe, mais ils ignorent ou a minima omettent l’idée qu’un problème puisse être détecté au cours de cet examen. Or, l’impact de l’annonce est sans doute sous-estimé dans la pratique clinique. Il est donc indispensable de réfléchir aux moyens les plus appropriés pour conduire cette annonce, à l’image de ce qui est conduit en oncologie. Le guide d’aide à l’annonce repose sur 10 principes simples. Les deux premiers concernent l’approche à adopter avant de commencer l’examen échographique. Il faut d’abord un moment d’échange afin de recueillir le contexte dans lequel la grossesse se déroule, d’apprécier le vocabulaire employé par la mère et le comparent pour les utiliser dans sa propre communication. Ainsi, une femme qui a rencontré un problème lors d’une première grossesse vivra la suivante et les échographies comme des épreuves difficiles à passer. Des parents qui ont perdu un enfant auront une angoisse terrible lors de ces échographies. Il est ensuite recommandé de présenter les objectifs et les limites de l’échographie, la façon dont l’examen va se dérouler et d’expliquer qu’il peut y avoir des temps de discussion et des temps de silence utiles aux mesures. Durant l’échographie proprement dite, il est préférable de lancer d’abord quelques signaux non verbaux pour signifier une anomalie ou un doute sur une potentielle anomalie. Cela permet de préparer la patiente et de se préparer à la façon de conduire l’annonce. On peut ou non envisager de terminer l’examen avant l‘annonce proprement dite, si la sévérité de l’anomalie et si l’émotion du couple le permet. L’annonce peut donc avoir lieu durant l’examen proprement dit en proposant au couple, s’il le souhaite, de visualiser l’anomalie, ou après que la patiente s’est essuyée et rhabillée, en face à face. Les éléments de communication non verbale ont un poids extrêmement important dans ces situations : l’expression faciale, le contact visuel, la posture, la distance et éventuellement le toucher doivent être adaptés pour témoigner de son empathie et pour placer le couple dans une vigilance propice à la réception de l’information, en concordance avec la gravité de la situation. Une phrase de préannonce de type « je vais devoir vous annoncer quelque chose que je vois à l’échographie » ou « les nouvelles ne vont pas dans le sens que l’on espérait » peut amener à l’annonce elle-même : les mots utilisés doivent être les plus simples et les plus accessibles possible, descriptifs, adaptés, ni trop compliqués ni infantilisants. Même si l’anomalie perçue est grave, il est important de percevoir si les parentssouhaitent que l’on continue à humaniserle fœtus. Lorsque les deux parentssont présents, il faut aussi s’assurer que les deux ont assimilé l’information délivrée. Lorsque l’anomalie semble moins sévère, l’effraction psychique existe quand même chez les parents, qui pourront aller chercher l’information sur Internet. Il est important de mettre en garde par rapport à cela, et de dire, lorsque c’est le cas, que l’observation faite à l’échographie ne nous inquiète pas.   Prudence, écoute et empathie   Les parents comprennent parfaitement que l’on puisse ne pas savoir ou que l’examen ait des limites. S’il existe un doute à l’échographie, il est indispensable de ne pas utiliser de termes définitifs ou catégoriques.Une étude française menée en 2012 a montré le poids de l’annonce sur le vécu de la grossesse et de la période postnatale chez des femmes inquiétées par une fausse alerte au cours de la première échographie de dépistage (clarté nucale, taille limite de fémur…) et des autres. Durant le dernier trimestre et à 2mois postpartum, elles avaient des scores d’anxiété et de dépression supérieurs, un attachement à l’enfant moindre et un taux d’allaitement plus bas. Aussi, l’annonce doit-elle être modeste et prudente dans ces situations, en précisant les modalités des suites à donner à ce premier élément d’information. Lorsque l’anomalie ne fait pas de doute, l’annonce s’accompagne d’un temps d’écoute : il n’est pas toujours facile d’avoir les mots adaptés à une telle annonce. Malgré le sentiment d’impuissance, il faut accepter les moments de silence, pratiquer l’écoute active, et laisser le temps à la mère/aux parents de réagir et de poser des questions. Les réactions d’incrédulité, d’agressivité, de sidération sont normales étant donné la violence de l’annonce. Il ne faut donc pas surréagir, et savoir gérer ses propres émotions par rapport à la situation, dans la retenue mais sans indifférence. Enfin, l’accompagnement vers l’après est important à considérer : le couple ne doit pas être laissé dans le vide. Il faut lui décrire les modalités et les objectifs des prochaines étapes, y compris un éventuel besoin de soutien psychologique, et lui laisser le temps suffisant pour assimiler ces informations. Au-delà de ces préconisations, chaque histoire de couple est singulière et demande donc de s’adapter à la situation, selon la réaction et face à sa propre sensibilité. « On a parfois l’impression que l’on aurait pu faire mieux, mais tout n’est pas maîtrisable. Il est important d’être disponible pour les patients. » D’après les communications d’Olivia Anselem (Paris), Eve Mousty (Nîmes), Nicolas Sananès (Strasbourg) et Nadine Knezovic (Strasbourg) : « L’annonce d’une anomalie fœtale à l’échographie », congrès Paris Santé Femmes 2023.

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