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Grossesse

Publié le 09 avr 2023Lecture 4 min

Vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte - Pourquoi et comment ?

Marie SPARTE, Paris

Gynécologues, médecins généralistes et sages-femmes oeuvrent activement pour promouvoir la vaccination pendant la grossesse. Cependant, la transformation de la prescription à l’injection n’est pas exemplaire. Quelles peuvent être les explications de cette déperdition et comment agir pour augmenter la protection des nouveau-nés contre la coqueluche ?

Il y a les recommandations, ce qui devrait être fait… et ce qui l’est réellement. En ce qui concerne la promotion de la vaccination contre la grippe, la Covid-19 et la coqueluche auprès des femmes enceintes, les professionnels de santé ont massivement suivi les hautes autorités de santé. Ces efforts, bien que porteurs, n’aboutissent cependant pas à la protection de toutes les futures mères et de leurs enfants contre ces maladies. Pourquoi en est-il ainsi et sur quels leviers agir pour améliorer la prévention ? L’étude Ipsos(1) réalisée sur une population de femmes enceintes et de jeunes mères s’est intéressée au potentiel de la vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes, et, même si cette étude est de petite envergure, les résultats permettent de mieux comprendre la situation et d’identifier des pistes d’action.   Résultats choisis • Que pensent les femmes enceintes de la vaccination pendant la grossesse ? Environ 2 femmes interrogées sur 3 avaient une opinion favorable sur une vaccination pendant la grossesse. Toutefois, cette proportion s’est retrouvée facilement augmentée (72 %) par une communication positive en faveur de celle-ci (figure 1). Il convient donc d’évoquer le sujet, parfois à plusieurs reprises, avant d’obtenir un accord de la future mère pour une prescription.   • Pour quelles maladies les professionnels de santé ont-ils prescrit/administré une vaccination ? Quelle que soit la prescription, les taux de perdition sont très conséquents. Concernant la coqueluche, seules 60 % des prescriptions ont été administrées. Le taux de 20 % de déperdition n’est pas spécifique à cette vaccination ou à cette population ; des taux similaires sont retrouvés dans la population générale avec d’autres vaccins (figure 2).   • Quelles sont les craintes face à la vaccination contre la coqueluche ? La première crainte est celle des effets secondaires sur l’enfant. Les autres réponses démontrent un manque d’information et de connaissance sur la maladie et les vaccins. Compte tenu de ces résultats, il convient de synthétiser les messages clés pour faciliter leur transmission (figure 3).   La coqueluche : une maladie grave voire mortelle La coqueluche est une infection respiratoire hautement contagieuse, responsable d’une morbi-mortalité. Non négligeable chez le nourrisson, notamment dans les premières semaines de vie. En France, plus de 90 % des décès par coqueluche surviennent au cours des six premiers mois de vie, et principalement dans les trois premiers(2). Entre 2013 et 2021, le réseau Renacoq a rapport. près de 1 000 cas de coqueluche hospitalisés chez les moins de 12 mois, dont 66 % étaient des nourrissons de moins de 3 mois non protégés par la vaccination(2,3).   Pourquoi la vaccination pendant la grossesse La raison de cette morbi-mortalité chez les nourrissons de moins de 3 mois est l’existence d’une fenêtre de vulnérabilité entre la naissance et la mise en place d’une immunogénicité efficace à la suite de la primovaccination DTCaP à 2 mois révolus. Afin d’assurer une protection optimale du nouveau-né durant les premières semaines de vie, il est donc nécessaire de vacciner contre la coqueluche les femmes enceintes pour augmenter le transfert transplacentaire passif des anticorps maternels(3). Pour cela, la Haute Autorité de santé recommande l’administration d’un des deux vaccins ayant une AMM dans l’indication et cette population, à partir du 2e trimestre de grossesse en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée(3).   Quels impacts sur l’immunogénicité de la femme enceinte L’efficacité de la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte a été largement étudiée. Parmi les études cliniques clé, priMARY 047, une étude de phase IV, randomisée, contrôlée versus placebo, multicentrique, croisée et avec observateur en aveugle qui a évalué l’immunogénicité d’une dose unique de vaccin trivalent dTca* versus placebo au regard des anticorps coquelucheux dans le sang de cordon. Les résultats ont montré que les patientes vaccinées avaient un niveau d’anticorps jusqu’à 21 fois plus élevé contre les antigènes de la coqueluche par rapport au groupe placebo. Il a été aussi montré qu’un rappel pendant la grossesse chez une femme ayant été vaccinée avant d’être enceinte, entraînait un «  boost » permettant un meilleur ratio de transfert d’anticorps, ce qui appuie les recommandations de la HAS pour revaccination contre la coqueluche à chaque grossesse(3).   Sécurité et tolérance analysées De nombreuses études cliniques et observationnelles ont porté sur la sécurité et la tolérance de cette vaccination. Il en ressort qu’elle n’est pas associée à un risque accru d’évènements indésirables (EI) pour la femme enceinte ni le foetus/nouveau-né. Les EI les plus fréquemment rapportés, d’intensité légère, étaient locaux survenant au point d’injection, tels que la douleur(3). Les EI systémiques connus comme les céphalées, les nausées/vomissements, les arthralgies, la fatigue n’étaient pas plus fréquents chez la femme enceinte en comparaison à la femme non enceinte, sauf pour la fièvre plus souvent observée chez la future mère mais sans signe de gravité(3). A l’heure actuelle, plus de 40 pays recommandent la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte, et ce depuis plusieurs années(4). Cette situation a généré des données d’efficacité en vie réelle rassurantes avec une baisse de la morbi-mortalité de la coqueluche chez le nourrisson. En termes de référence française, cette vaccination est recommandée depuis 2018 à Mayotte, et son extension à l’ensemble du territoire ne fait que confirmer son intérêt et sa sécurité.  

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