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Sexologie

Publié le 16 sep 2012Lecture 4 min

À Poil !

Philippe BRENOT, Directeur des enseignements de sexologie et sexualité humaine à l’université Paris-Descartes

Un débat d’actualité apparaît dans les réponses des hommes à mon enquête sur leur intimité, leur sexualité et leurs comportements amoureux1: les poils pubiens et l’épilation. Malgré le caractère très récent de l’épilation pubienne chez la femme, les réactions des hommes sont passionnées et passionnelles. Il y a des tenants du poil et des tenants du sexe nu. Vous en connaissez l’histoire, cette épilation extrêmement récente a débuté dès les années 1970 par l’épilation du « maillot », conséquence de la libération sexuelle et de plus de liberté l’été sur les plages. L’épilation partielle ou totale des poils pubiens est, par contre, un phénomène nouveau, vous l’observez, chaque jour, sur les femmes que vous examinez, plus fréquemment cependant en milieu urbain et dans les très grandes villes, qu’en milieu rural.

Épilation totale D’abord demandée par les hommes, mais dénoncée par certains comme une « déviation pédophile », l’épilation féminine totale ou quasi totale, est aujourd’hui très répandue, peutêtre par emprunt à la coutume maghrébine du pubis rasé dans certaines circonstances ou pour des raisons d’hygiène. Cela amène les hommes à se situer par rapport au poil avec une étonnante évolution : en quelques années les tenants du poil et d’un « pubis nature », sont devenus minoritaires. Mais ils résistent avec force : « Ma femme n’a pas le sexe épilé. Je trouve ça plus nature et plus beau… », « Les poils sont indispensables », « J’aime son humidité et sa pilosité », « J’aime son sexe “nature”, je lui demande de se raser le moins possible ». Les tenants de l’épilation sont certainement les plus militants et leurs arguments sont nombreux, surtout du côté de l’érotisme et de l’esthétique : « J’aime voir le sexe de ma femme toujours rasé. », « J’épile ma femme toutes les semaines ! », « Elle s’épile à ma demande et j’aime bien ça, tant au niveau du contact que de la vue. », « J’en suis ravi. Son sexe m’attire, je le trouve beau et adorable. On est d’accord pour qu’elle le porte totalement épilé. », « Je l’aime épilé, c’est plus agréable lors du cunnilingus », « Je n’aime pas trop les poils chez une femme », «J’aime qu’elle en prenne soin, qu’elle fasse attention à son épilation ». Là où, il y a quelques décennies, les hommes ne s’intéressaient en rien aux soins du corps de leur partenaire, l’évolution est stupéfiante en seulement une génération qui est devenue très attentive à ces détails corporels. La pratique du cunnilingus y est très certainement pour quelque chose, elle est aujourd’hui très répandue : 91 % des hommes disent aimer et pratiquer le cunnilingus, mais presque autant de femmes (80 %). Les pratiques érotiques entretiennent le désir dans le couple s’il n’y a aucune barrière à leur accomplissement, notamment en termes de soin et d’hygiène.   Évolution En quelques décennies, le regard des hommes et des femmes sur leurs parties intimes a profondément changé en raison du développement de l’érotisme dans le couple, nécessaire à la continuité de l’intimité sexuelle. L’épilation féminine, partielle ou totale semble aujourd’hui un voeu masculin assez largement répandu. L’épilation masculine, par contre, l’est beaucoup moins, les femmes ne la réclament pas et peu d’hommes s’y sont encore intéressés. D’abord répandue dans des milieux homosexuels, cette « mode » masculine est parfois partagée par l’homme dans un couple comme une contrepartie du soin que la femme porte à son sexe. L’avenir nous éclairera sur la pérennité de cette pratique mais cela ne concerne aujourd’hui qu’une faible minorité masculine. Il semble plutôt que se dessine un couple moderne érotisé fait d’une femme au corps soigné, apprêté, épilé, sorte d’antinature, et d’un homme modérément velu, moins apprêté mais soigné et symbole de nature. Dans une question aussi intime, l’important est très certainement d’être à l’écoute du regard du partenaire et pour cela le dialogue est nécessaire.   Illustration : L'origine du monde, Gustave Courbet, Musée d'Orsay, Paris

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