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Sexologie

Publié le 16 déc 2021Lecture 5 min

Le premier médicament du plaisir : la relation

Sandie BOULANGER, relaxologue, sexothérapeute, Issy-les-Moulineaux

Avant tout plaisir, il y a le désir. C’est une quesion existentielle, voire philosophique, que de prendre soin de la flamme du désir, tout au long de notre vie et des épreuves rencontrées. Devant des apitudes inégales selon les personnalités, la relation à soi et à l’autre est un axe de croissance indéniable mais non aisé. Il est humain de compliquer nos relations (projections, transferts, jugements). Il est efficient de les aborder sous l’angle de la complexité. Dans ces dédales, la cohésion pluridisciplinaire est un terrain de croissance et d’épanouissement pour chacun. Même si nous ne pouvons pas tout comprendre, nous pouvons tout entendre dès que l’espace de confiance pour l’échange se fait.

Importance du lien médecin/patiente La question du désir de vivre, puis du désir sexuel, prend sa source dans le sens que l’on donne à la vie. Il fluctue avec l’âge et les épreuves. Chacun se retrouvant responsable de sa capacité à les gérer, dans son microcosme. Pour que le plaisir jaillisse, jusque dans l’intimité, il est nécessaire de s’y abandonner. Qui dit abandon dit sécurité, donc confiance. Pour cela, la détente corporelle, mais aussi mentale, est nécessaire. Ce qui se passe dans l’intimité du couple se joue aussi dans la relation au soignant. La chaire de santé sexuelle et des droits humains, sous l’égide de l’Unesco, s’inscrit dans une démarche positive et globale de la sexualité depuis 2010 pour « donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être sexuel de tous et à tous les âges, veiller à ce que tous puissent avoir accès à une éducation de qualité tout au long de la vie et atteindre l’égalité de genre et l’autonomie des femmes et des filles ». En consultation, la relation soignant-patiente permet de partager une relation de confiance, qui favorise le développement de relations saines dans la vie de la patiente (figure 1). D’après « L’enquête sur la sexualité en France » de N. Bajos et M. Bozon (La Découverte, 2008), 96 % des femmes ne parlent pas de leur baisse/absence de libido à leur médecin, 98 % ne parlent pas de leur anorgasmie, et seulement 10 % des femmes abordent le sujet des douleurs durant les rapports. Cela nous permet de comprendre la difficulté des femmes à aborder des sujets intimes lors des consultations gynécologiques. Pudeur, peur de déranger, ne pas savoir comment en parler... La tension musculaire de la patiente lors des examens en est une conséquence. Qui dit tension dit douleur et réticence à consulter et à se confier. Le désir, une histoire érotique Pour alimenter le désir au quotidien, il est bon de collecter du « petit bois » dans tout ce que nous vivons, pas seulement d’ordre sexuel (figure 2). Le plaisir est un élément essentiel de la sexualité, comme le rappelle Sylvain Mimoun. Il n’y a pas d’âge pour apprendre à jouer à faire l’amour ! La quête du Graal orgasmique n’est plus forcément tendance de nos jours, et ce, malgré toutes les informations sur les réseaux sociaux pour atteindre le sommet de l’Olympe. Seulement 28 % des femmes en 2019 estiment raté un rapport sexuel sans orgasme (41 % en 1999, Ifop 2019). C’est la qualité relationnelle autour du rapport physique qui prime, c’est de l’érotisme ! Sylvain Mimoun partage également l’idée que plus le désir s’éteint, plus il est difficile de le relancer. On pourrait se dire « et alors ?! ». Je constate bien souvent que l’aigreur, la frustration et la perte de complicité, voire d’estime de soi, qui en découlent, sont avec le temps sources de souffrance, notamment lors de l’accompagnement en fin de vie. Face à l’ultime saut, les patientes réalisent l’importance du lien intime tout au long de la vie. Le soignant peut être déjà le garant d’une relation de confiance durable en les accompagnant ainsi à maintenir le lien intime avec leur partenaire. L’érotisme vient alléger les croyances bien souvent lourdes, autour du FAIRE l’amour. Il permet de redéfinir sans cesse l’ÊTRE ensemble, loin des pressions que peuvent susciter les représentations sociétales du faire et de la relation pénétrant/pénétré. La femme ne se résume pas à sa capacité d’être une grotte humide et chaude, l’homme à un bâton de joie. Les plaisirs génito-centrés sont de puissants et faciles geysers... jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Une nécessité aussi à rester attentifs et curieux aux plaisirs des sens, du corps tout entier, au service de la relation intime. Renoncer à la sexualité parce qu’on ne peut plus faire l’amour « comme avant », c’est affaiblir le lien privilégié du couple et donc son désir de vivre. Parce que la sexualité ne cesse d’évoluer, elle est légitime à tout âge. Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux Une variante moderne de la maxime gravée au temple de Delphes nous invite, si l’on veut, à aller au plus profond de soi pour vivre au mieux avec les autres. Que trouve-t-on au plus profond de nous ?  Notre humanité, il me semble, notre façon d’être au monde, notre désir de prendre part au jeu de la vie. La sexualité dégagée bien souvent de toute question de reproduction est le reflet d’une communication de corps, de cœurs et pourquoi pas d'âmes. Elle devient alors comme une communion sacrée, joyeuse, réconfortante, tant pour soi que pour l’autre, que pour le Nous. Tellement loin de ce qui se vit et se dit dans les cabinets de sexologie et de psychothérapie où elle y est souvent souffrance, colère, reflet de luttes de pouvoir ou mésestime de soi. L’accompagnement pluridisciplinaire est un enjeu majeur pour favoriser l’épanouissement de chacun, une présence au monde plus consciente. Prendre soin de sa santé physique, mentale et pourquoi pas existentielle ! Finalement, être en lien se révèle être le défi le plus complexe de la vie, tant il se veut authentique. Être sur ce chemin ensemble, du professionnel de santé aux patientes. Tous humains. En quête de sens et de connaissance de soi, pour un mieux-être personnel et collectif (figure 3). Sans avoir besoin d’être expert en sexologie, la relation du soignant avec sa patiente favorise déjà la réflexion. En s’entourant d’une équipe pluridisciplinaire, le soignant permet de maintenir un projet de vie sexuelle, quelle qu’en soit la forme.

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