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Obstétrique

Publié le 27 nov 2014Lecture 4 min

Humaniser la naissance par césarienne : le point de vue de l’anesthésiste

V. WAISBLAT, Groupe hospitalier Le Raincy-Monfermeil
L’obstétrique est une discipline chaude par l’intensité des enjeux, des peurs et des douleurs. La césarienne et l’anesthésie sont source d’angoisse. L’anxiété, voire la panique, peut se transmettre de la parturiente à l’ensemble de l’équipe soignante, ou réciproquement, et les douleurs aggravent la situation vécue par la patiente.
  Objectifs et moyens de communication des anesthésistes Les anesthésistes sont traditionnellement formés à une approche technique et pharmacologique de la médecine avec des objectifs : – le premier objectif de la rencontre avec le patient est d’assurer sa sécurité. Cet objectif est bien pris en compte ; – le deuxième objectif est le confort du patient, souvent pris en compte, parfois mis au second plan ; – un troisième objectif n’est pas reconnu. Il s’agit de donner aux patients la sensation qu’ils gardent un contrôle dans une situation qui est, pour eux, une perte totale de contrôle. Pour le patient, ne pas être totalement passif, pouvoir participer à ses soins augmente le bien-être. Cet objectif passe par l’identification et le respect de besoins acceptables à la fois pour les patients et les anesthésistes. Les anesthésistes, formés au langage scientifique, utilisent la communication consciente, raisonnée et logique. Mais la part la plus importante de nos interactions avec les autres passe par un langage souvent inaperçu si on n’y prête pas attention, la communication subconsciente non verbale (le calme, le ton de la voix, la posture, la confiance) ou verbale (donner un haricot à une patiente au cas où elle aurait des nausées). L’effet de notre langage habituel sur la douleur et l’anxiété a été évalué sur des patients devant subir des gestes invasifs(1). La charge émotionnelle d’un vocabulaire imagé de façon négative (ne vous inquiétez pas, ça va faire mal) n’est pas atténuée par la négation (ça ne va pas faire mal) ou l’adjectif petit (ça va faire un peu mal). Prévenir et avoir de la compassion pour les sensations douloureuses ou désagréables n’aide pas les patients ; au contraire, ce type de communication est associé à des douleurs et à une détresse plus forte. Alors que les patients pris en charge par des thérapeutes formés à la communication ont des scores abaissés de douleur et d’anxiété. L’hypnose est quelque chose d’heureux. Elle est présente en chacun de nous et nous est indispensable. La pratique de l’hypnose est universelle, il s’agit pour les patients de se laisser aller, voir ce qui arrive et explorer leur propre capacité à agir dans une situation douloureuse ou inconfortable. Deux chemins pour entrer dans l’hypnose : la voix d’un thérapeute qui guide simplement en utilisant le monde du patient, l’imaginaire et le corps, ou bien l’autohypnose, l’aptitude d’entrer en hypnose seul, sans aide.   Place du père À Montfermeil, le père ou une autre personne de confiance est la bienvenue en salle de césarienne. Cette personne rassure et accompagne la parturiente, elle est un interlocuteur de l’équipe, mais la patiente reste le centre.   Pendant la césarienne, comment donner du contrôle à la parturiente ? Pendant la réalisation de la rachianalgésie, ce peut être par exemple de pouvoir bouger, se balancer(2). Ensuite, c’est accepter la présence du père en salle de césarienne. Pendant l’installation et la sortie du bébé, l’anesthésiste est disponible pour aider la femme à faire face à l’anxiété de l’attente. Parler avec elle, si elle en ressent le besoin, est d’autant plus important que la sortie du bébé est laborieuse, l’obstétricien peut le considérer comme une aide à son travail. Après la sortie du bébé, si tout va bien, tout le monde se détend. Mais il n’y a pas de place pour raconter son dernier week-end ou le dernier film vu. C’est le moment où la patiente commence à ressentir des nausées, voire des vomissements par l’injection de l’ocytocine, du néfopam ou par l’irritation péritonéale. C’est aussi le début du prurit de la morphine intrathécale. L’anesthésiste et l’infirmier(e) anesthésiste accompagnent la parturiente et la soulagent au mieux. Pour l’obstétricien, donner du contrôle à la patiente c’est accepter ses besoins comme parler, bouger, les nausées et les vomissements.   Conclusion Humaniser la naissance par césarienne est un enjeu d’équipe. Un meilleur vécu par les parturientes apporte aussi un confort au chirurgien, à l’anesthésiste et à l’ensemble de l’équipe soignante. Les formations à la communication thérapeutique et à l’hypnose médicale transmettent les outils des thérapies pratiquées de tout temps dans toutes les sociétés humaines.

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