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Sexologie

Publié le 20 oct 2013Lecture 5 min

Le plancher pelvien et la sexualité

Anne Charbonnel-Masse, Reims
La consultation de gynécologie permet une réelle prévention et une prise en charge des troubles de la fonction périnéale, qui permettra aux patientes de réaliser des apprentissages sur un plan fonctionnel et érotique. Un certain nombre de publications récentes réévaluent l’impact d’une prise en charge du plancher pelvien sur la qualité de vie sexuelle. Quel rôle peut jouer le gynécologue ? 
Le plancher pelvien intervient à tous les niveaux de la statique pelvienne. Il joue un rôle dans la continence urinaire et anale, et la prévention des prolapsus ; il est également impliqué dans la perception de l’image de soi et la fonction sexuelle. La fonction sexuelle se définit actuellement dans un registre « physico-biologico-hormonal ». Par ailleurs, il ne faut pas oublier d’évaluer la fonction érotique afin de parler de la sexualité dans sa globalité. Le périnée joue donc un rôle dans la sexualité au sens large.   La santé sexuelle Pour évaluer la fonction sexuelle sous l’angle de la santé sexuelle, plusieurs paramètres sont facilement utilisables lors d’une consultation gynécologique, à la fois pour s’inscrire dans une prévention des troubles de la sexualité, mais également dans une prise en charge thérapeutique. Dans notre expérience, un grand nombre de troubles de la fonction sexuelle sont en relation avec un manque de connaissance ou des connaissances erronées, voire des fausses croyances. Le gynécologue apportera de l’information validée ; il pourra intervenir sur les croyances de sa patiente et/ou de son partenaire ainsi que sur ses perceptions corporelles, pour lui permettre d’acquérir de nouvelles habiletés. Le gynécologue, à l’aise dans la prise en charge de l’intégrité anatomique et de l’équilibre neurohormonal, devra travailler également sur la perception de l’identité féminine et sur le degré d’érotisation de sa patiente. Les difficultés de certaines patientes, lors de la consultation, peuvent être liées à une méconnaissance de leur anatomie cachée et intime, à la pudeur, au tabou ou à la honte…   Entendre : écouter et regarder Dès l’accueil de la patiente, depuis la salle d’attente à son entrée dans notre bureau : • sachons repérer le langage non verbal : par exemple, la jeune fille s’asseyant sur le bout de la chaise, les jambes croisées, les poings serrés ; il y a fort à parier que l’examen gynécologique risque d’être difficile sans questionnement ni explication préalable ; • puis, sachons écouter les plaintes qui nous orienteront sur des hypertonies ou hypotonies périnéales.   Examiner et expliquer L’évaluation de la trophicité vulvaire et vaginale (capitale dans la prévention des dyspareunies) est habituelle lors de l’examen gynécologique. Par ailleurs, un testing du releveur de l’anus devrait être systématique ; celui-ci sera coté de 1 à 5 en fonction de l’intensité de la contraction, de l’ascension du noyau fibreux central du périnée, de la possibilité de résister à une contre-pression et d’évaluer sa tenue dans le temps. Un muscle n’est ressenti que dans la perception de sa contraction-relaxation.. Il est fondamental de dépister les inversions de commande (présentes chez 10 % des femmes) et les contaminations musculaires (abdominaux, fessiers, cuisses) qui nécessiteront une prise en charge en rééducation périnéale.   Proposer une prise en charge Comme nous venons de le voir, la prise en charge a commencé dès l’entretien, s’est poursuivie pendant l’examen clinique et va continuer de retour au bureau. Il est possible d’aider les patientes grâce à des dessins, des schémas, des planches d’anatomie ou, pour certaines, l’utilisation de mannequin dans le repérage et la perception de leur schéma corporel, de leur vulve, leur vagin, de leur périnée et de la statique pelvienne et rachidienne. Pour ce faire, il est important que le gynécologue utilise l’outil avec lequel il se sent le plus à l’aise. La prise de conscience du groupe musculaire périnéal va permettre une amélioration de la fonction sexuelle et une prévention de l’incontinence urinaire d’effort par une anticipation périnéale de la contraction abdominale (éternuements, toux, éclats de rire, port de charge, etc.).   Perception de l’excitation sexuelle La lubrification est un réflexe au même titre que l’érection, il s’agit d’un phénomène musculo-vasculaire sous contrôle neuro-hormonal périphérique et central. Il est fondamental de bien différencier les troubles de l’excitation sexuelle (lubrification) de la sécheresse vulvo-vaginale dont les prises en charge seront tout à fait différentes. Une fois la perception périnéovaginale repérée, puis intégrée, il est nécessaire que la patiente se l’approprie sur un plan érotique. Le vagin est peu sensible aux frottements, mais très sensible aux variations de tensions musculaires avec lesquelles la femme pourra jouer.   Quelles prescriptions ? Il ne faut pas hésiter, de retour devant le bureau, à reprendre les informations données pendant l’entretien et au cours de l’examen clinique. On vérifiera que les explications sont comprises et on proposera des exercices pour permettre une prise de conscience ; ces exercices pourront être repris à domicile, afin de permettre aux femmes de s’approprier cette partie de leur anatomie. Cela permet un double travail sur le plan des connaissances et leur application sur le plan corporel. Pour les gynécologues à l’aise, un travail sur l’imaginaire peut être proposé pour permettre à leurs patientes d’en jouer ensuite sur un plan érotique. Pour les gynécologues moins à l’aise, une orientation auprès d’un kinésithérapeute formé à l’approche sexologique, ou d’un sexologue peut s’envisager avec la patiente.

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