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Cancérologie

Publié le 08 mar 2022Lecture 3 min

Covid-19 et cancers gynécologiques

Marc-Antoine BENDERRA, Lauren SEKNAZI, Hélène MAGNIER, Service d’oncologie médicale, hôpital Tenon, Paris

Les premiers cas de pneumonies à SARS-CoV2 ont été rapportés en décembre 2019 dans la province de Wuhan en Chine. Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé déclarait l’état de pandémie mondiale. Depuis cette date, la France a dû faire face à plusieurs vagues successives. Une meilleure gestion de l’infection (oxygénothérapie, anticoagulants, corticostéroïdes...) et l’arrivée de la vaccination ont permis de faire baisser les chiffres de mortalité.

Plusieurs études ont montré que les patients avec cancer présentaient des formes plus graves avec davantage de mortalité(1). Dans la littérature, on retrouve des taux de mortalité élevés, variables de 13 % à 33 %(2,3). Cette variation dans les taux de mortalité reflète une grande hétérogénéité des populations incluses. Dans notre étude, sur 1 148 patients avec cancer, hospitalisés à l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour une infection à SARS-CoV2, les tumeurs cérébrales ou les tumeurs bronchiques avaient un risque plus élevé de décès (respectivement HR 2,19 [IC95 % 1,08-4,44] et 1,66 [IC95 % 1,02-2,70]). Le taux de mortalité global était de 33 %(3). Ce chiffre élevé est principalement lié à l’inclusion dans cette étude de patients hospitalisés et d’une population âgée avec un âge médian de 76 ans. Facteurs de risque identiques à la population générale Parmi les cancers gynécologiques (sein, endomètre, col, ovaires) qui représentaient 10 % de la population globale, le taux de mortalité était de 27 %. Nous avons maintenant suffisamment d’études publiées pour dire que les patients avec cancer ont globalement les mêmes facteurs de risque de mortalité de la Covid-19 que la population générale, à savoir le sexe masculin, des comorbidités, un âge supérieur à 65 ans et un syndrome inflammatoire important(3,5). L’effet des traitements est une question plus délicate, avec pour le moment pas d’effet clair des traitements oncologiques sur la gravité de l’infection Covid-19. Moins de diagnostics de nouveaux cancers La pandémie a également eu un effet important sur les diagnostics de nouveaux cancers et a probablement entraîné des retards de prise en charge. Une étude menée à l’AP-HP a montré que les nouveaux cas de cancer avaient diminué de 30 % entre mars-mai 2020 et mars-mai 2018. Sur la même période, cette baisse des nouveaux cas de cancer représentait 29 % pour les cancers du sein, 20 % pour les cancers du col, 6 % pour les cancers de l’ovaire et 18 % pour ceux de l’endomètre(6). Cet impact du début de la pandémie sur les nouveaux diagnostics a également été retrouvé dans les centres du groupe Unicancer(7) (figure). Aux États-Unis, Miller et coll. ont rapporté une baisse de 10 % des mammographies de dépistage entre 2020 et 2019(8) avec, selon les estimations, 3,9 millions de personnes dépistées en moins entre 2020 et 2019(9). Du fait d’une meilleure connaissance du virus, ces chiffres très inquiétants de l’année 2020 ne seront a priori pas retrouvés en 2021. La pandémie Covid-19 a permis d’accélérer le développement des téléconsultations afin de désengorger les hôpitaux et de diminuer la transmission du virus. Ces téléconsultations sont privilégiées pour les suivis post-traitement et sont plutôt bien acceptées par les patients, comme le montre l’étude sur le cancer du sein de Bizot et coll. publiée en 2021 et menée sur près de 1 300 patientes en France et en Italie(10).   Quelles séquelles à long terme ? Enfin, une question qui va être prépondérante dans les mois et années à venir est la possibilité de séquelles à long terme pour les patients ayant contracté une maladie Covid-19. Une première grande étude vient d'être publiée par Pinato et coll. sur 2 634 patients avec cancer ayant développé une infection à SARS-CoV2(11). Des séquelles sont rapportées par 15 % des patients avec principalement des symptômes respiratoires (49,6 %) et une fatigue résiduelle (41 %). Ces séquelles sont associées à un risque plus élevé de décès (HR 1,80 [IC95 % 1,18-2,75]). Ces données sont à confirmer et des évaluations de ces séquelles à plus long terme seront nécessaires.

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