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Cas cliniques

Publié le 14 nov 2010Lecture 4 min

J’ai décidé de le garder

Philippe BRENOT, Directeur DIU de sexologie, Université Paris Descartes
« J’ai bien réfléchi, j’ai décidé de le garder » me dit Martine avec qui nous avons engagé un travail de réflexion sur elle même depuis près d’un an. « J’ai beaucoup hésité, mais aujourd’hui c’est certain, je veux le garder ! »
Martine a 37 ans, elle est juriste dans un cabinet international et vit seule depuis 2 ans après avoir quitté « l’homme de sa vie » avec qui l’entente avait été très difficile, voire violente. C’est à regrets qu’elle avait décidé de la rupture, car la vie commune lui était devenue impossible. Durant ces deux dernières années, les interrogations ont été nombreuses et sa réflexion psychothérapique lui a permis d’évoluer entre son désir d’autonomie et de liberté, sa distance avec les hommes et son désir d’enfant toujours présent, quoique très refoulé. Dans les deux rencontres qu’elle a faites au cours de cette période, le projet d’enfant a toujours été présent ; trop peut être, car il a vraisemblablement éloigné ces deux hommes qui ne désiraient pas suffisamment s’engager. Elle est aujourd’hui confrontée à la récidive de nombreux fibromes, envahissants et douloureux, qui lui font se poser des questions qu’elle ne formule pas consciemment. C’est la rencontre, il y a quelques jours, avec un chirurgien lui proposant une solution radicale, l’hystérectomie, qui mettra à jour cette problématique très aiguë qu’elle a du mal à affronter. Une alternative hormonale lui a été proposée depuis 3 mois, permettant un climat endocrinien différent, ce qui aujourd’hui la soulage de ses douleurs. La dernière séance de psychothérapie et l’entretien avec ce chirurgien vont être décisifs pour sa décision : « J’ai bien réfléchi, j’ai décidé de le garder ! ».   Utérus Elle parle en fait de son utérus dont elle ne désire pas l’ablation qui lui a été proposée devant la multiplication des fibromes. Mais il est évident que cette phrase, détachée du contexte, laisse évidemment penser qu’elle parle d’un enfant : « Je sais que l’utérus ce n’est pas un enfant, mais j’ai décidé de le garder. Malgré cela, j’ai mon ventre qui gonfle et je trouve que je prends du poids… ça commence à me faire un peu bizarre tout ça ! ».   Désir d’enfant Le désir d’enfant est une question très complexe et présente chez toute femme, même qui ne pense pas en avoir un jour. Il s’agit d’une représentation en général issue d’une résolution infantile prise par les petites filles avant l’âge de dix ans, ce que ne connaissent pas les garçons. En effet, toute petite fille s’identifie rapidement à sa mère, voit celle-ci ou une autre femme enceinte, et se projette dans cette gestation future en fonction des problématiques qu’elle connaît à ce moment de son enfance : « J’aurai deux enfants, comme papa et maman, avec le prince charmant dont je serai amoureuse » ; « je veux beaucoup d’enfants, car c’est pas facile d’être enfant unique, comme moi ! » ; « je n ’aurai pas d’enfant, je ne veux pas qu’ils soient malheureux comme je le suis aujourd’hui ! » Cette résolution infantile sera ensuite confrontée, dix à quinze ans plus tard, à la réalité du couple dans laquelle se trouvera cette petite fille. À l’opposé de cette construction féminine, aucun petit garçon n’a de représentation du couple qu’il fera par la suite, encore moins des enfants à venir, ce qui permet de mieux comprendre la si fréquente difficulté des garçons à s’engager dans une relation durable entre vingt et trente ans, alors que les filles y pensent depuis des années ! D’ailleurs, Martine nous le confirme : « En fait, je voulais des enfants, mais j’ai été choquée par l’attitude de mon père qui ne nous désirait pas. J’ai eu ensuite fortement un désir d’enfant à l’époque où j’étais en couple. Par contre, quand j’ai été enceinte, Antoine avait décidé de le garder, mais c’est mon utérus qui en a décidé autrement, il a décidé d’interrompre la grossesse. Il n’a pas pu tenir son rôle. ». Il arrive parfois que le fantasme prenne forme dans la réalité.

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